Christopher Smith n'en finit plus de prouver qu'il est le réalisateur à suivre.
Avec
Black Death, il s'aventure sur les terres de l'Angleterre médiévale.
Alors que la première épidémie de peste bubonique ravage le pays, un jeune moine nommé Osmund reçoit la mission d'accompagner un groupe de chevaliers, menés par le rustre Ulric, pour enquêter sur d'étranges phénomènes se produisant dans un petit village reculé. Il semblerait en effet que, en ce lieu, les morts reviennent à la vie. Comprenant que cela est le fait d'un nécromancien ayant un lien particulier avec le village, ils se lancent à sa recherche et finissent bientôt par le trouver en la personne de la mystérieuse beauté Langiva. Mais quand Osmund, déchiré entre son amour pour Dieu et celui pour une jeune femme, accepte de passer un pacte avec la nécromancienne, l'horreur de son véritable voyage ne fait que commencer...
Christopher Smith s'attaque à une période historique des plus fascinantes. Alors que la peste se répand dans l'Europe occidentale, on voit naître à travers les peuples des craintes et des doutes. Le fait religieux s'enflamme et on cherche la source de tous les maux. La notion de sorcellerie se généralise dans l'Europe occidentale. On est dans un contexte social, religieux et politique pesant et bien particulier et les grandes répressions vont entrainer un développement de la sorcellerie. On définit pour cette période la sorcellerie comme faisant référence à la pratique du maléfice et du pacte avec le Diable. Même si, ici, la nature du crime de sorcellerie reste encore plus hérétique que criminelle.
Il n'est pas étonnant de trouver dans
Black Death une femme comme nécromancienne. On pense à cette époque dans la plupart des milieux que la femme est par nature l'alliée du démon. Plus tard dans l'histoire, il sera rappelé dans un manuel bien connu que l'éthymologie même de femina viendrait du latin fides minus. On y confesse que la femme est par nature moins intelligente, plus sujette à l'irresponsabilité, plus impressionnable... Et une quantité d'autres arguments tous plus mysogines les uns que les autres. Avec la cérénomie du sabbat, on met en avant tout cet étalage de tares que la femmes possède et qui est tout ce que l'Eglise condame. La sorcière devient le fantasme du peuple rejetant sur elle toutes ses fautes, tous ses pêchés, tous ses désirs refoulés.
L'approche historique de Christopher Smith est donc très empreint des réalités de l'imaginaire du Moyen-Age.
L'ésthétique du film est irréprochable. Les acteurs sont dotés d'un talent évident. On est passionné par ce récit si bien porté et pleins de surprises.
La narration est fluide et nous tient en haleine jusqu'au dénouement absolument fabuleux et dramatique.
Une véritable perle comme nous aimerions en voir plus souvent.