Saw est la septologie des années 2000.
Alors que les auteurs n'imaginaient probablement pas en arriver à ce nombre de film, Saw est devenu avec ses sorties annuelles un véritable kaléidoscope qu'il vaut mieux visionner dans son intégralité en peu de temps tant l'histoire se complexifie au fil des épisodes.
Un kaléidoscope parce que selon le côté où on regarde, l'image initiale varie, s'assombrissant dans des opus de moindre qualité ou reprenant de la fraîcheur dans ses meilleurs moments. Un kaléidoscope également parce que l'idée principale est abordée dans chaque film sous un angle différent - ce qui semble avoir perturbé des gens mais qui donne à mon sens un regard neuf à chaque fois, un point de vue nouveau qui apporte quelque chose à l'histoire.
Il faut surtout l'aborder en se disant qu'aucun film ne sera pareil - ce qui a causé pas mal de déceptions - malgré la base identique des pièges.
Il faut surtout le regarder en se disant que c'est un divertissement pour en profiter et perdre toute notion de crédibilité comme les auteurs l'ont fait au fur et à mesure. Oui : le tueur est un type super riche ayant les moyens d'installer des machines incroyablement complexes dans un nombre de lieux incalculables dont il est propriétaire et qui se trouve capable de tout savoir sur la vie privée de tout un tas de gens qu'il a tous vus plus ou moins en même temps dans des moments très différents et qui a la possibilité visionnaire de savoir ce qui va se passer dans le moins prochain avec exactitude vu que c'est écrit sur sept ans. Une fois admise comme postulat cette phrase à rallonge, vous pourrez profiter de la saga.
A la sortie de ces hauts et ces bas, le spectateur essoufflé sortira pourtant en se disant qu'il s'est bien fait trimballé avec des twists finaux inégaux, certes, mais qui sur la globalité promettent leur lot de surprises et de rebondissements et s'il y a des épisodes moins intéressants, il faut avoir le recul de tous les films (à voir impérativement dans l'ordre) pour se dire qu'ils s'en sont tout de même bien sorti.
Craven l'a dit dans Scream 2 : dans une suite, il faut plus de meurtres... Saw ne déroge pas à la règle : c'est toujours plus loin, toujours plus fort et on a son lot de cradinguerie tout au long. Réservé, donc, aux amateurs du genre et non à ceux qui se sont dit que finalement, Scream, c'était bien sympa et que le film d'horreur se regardait facilement.
Si on peut reprocher des scénarios inégaux, voire des jeux d'acteur médiocres par instant, la réalisation (calme dans le premier, sous cocaïne vers le milieu, fluide à la fin) est toujours de qualité et on pense rarement à ce qu'on va acheter en course quand on est pris dans le film !
Une agréable saga qui ravira probablement ceux qui survivront aux pièges de la redondance (oui, j'ai tout vu, moi, j'en m'en suis sorti, ça a changé ma vie !) et qu'on ne regrettera pas d'avoir vue si on ne la lâche pas (ceux qui ont regardé le film à la sortie chaque année ont sûrement dû potasser pour s'y retrouver dans le nouveau film...).
Il y a bien des films qui m'ont fait regretter d'avoir perdu mon temps - pas ceux-ci dans leur globalité.