Le cinéma espagnol n’a pas ou n’a certainement plus à prouver son talent.
Álex de la Iglesia (Le jour de la bête, les chers voisins) le confirme ici avec une réalisation haute en couleur qui a su me convaincre sans aucun doute. Le synopsis pose bien les bases de l’intrigue avec en ligne de mires la vie d’un clown que la guerre a rendu triste et dévasté qui se retrouve face à un triangle amoureux.
Dans l’enceinte d’un cirque, les singes crient sauvagement dans leur cage tandis qu’à l’extérieur, les hommes s’entretuent sur la piste d’un tout autre cirque : la guerre civile espagnole. Recruté de force par l’armée républicaine, le clown Auguste se retrouve, dans son costume de scène, au milieu d’une bataille où il finira par perpétrer un massacre à coup de machette au sein du camp national. Quelques années plus tard, sous la dictature de Franco, Javier, le fils du clown milicien, se trouve du travail en tant que clown triste dans un cirque où il va rencontrer un invraisemblable panel de personnages marginaux dont un clown brutal, rongé par la haine et le désespoir, Sergio. Les deux clowns vont alors s’affronter sans limite pour l’amour d’une acrobate, la plus belle et la plus cruelle femme du cirque : Natalia.
Il est assez difficile de savoir dans quel genre de long métrage va nous transporter
Balada triste et ce à juste titre puisqu’il s’agit d’un habile mélange de genre. La mise en scène d’
Álex de la Iglesia est magistrale et crève l’écran dès les premiers instants. La scène de guerre civile qui lance l’intrigue est bluffante. La cruauté sanglante est rythmée sur un air poétique le tout servi par une photographie splendide et percutante. Les décors sont enchanteurs et réalistes à la fois, ils transporteront le spectateur à coup sur.
Le casting est à l’image du réalisateur, magnifiquement servi.
Antonio de la Torre en clown alcoolique,
Carlos Areces en clown triste partage l’écran avec une très talentueuse
Carolina Bang dans le rôle de Natalia. Ce trio est impressionnant de la première à la dernière seconde enchainant et multipliant les affrontements. Le triangle amoureux est bien le cœur de l’intrigue mais il est enrichit par des personnages intéressants et sublimé par l’humour noir qui enrobe le long métrage.
Les fans de films de genre devraient aussi trouver leur compte devant
Balada triste, on assiste à une belle scène de massacre, à des découpages de chair assez gore et surtout nous sommes en un sens devant un film de monstre. Et oui nos deux clowns connaissent une évolution physique assez terrifiante.
Il m’est assez difficile de vous en dire plus sur cette œuvre sans trop vous en révéler, mais croyez moi elle vaut le détour et mérite que vous vous y attardiez.
A la fois proche d’un univers à la
Tim Burton ou à la
Guillermo del Toro,
Álex de la Iglesia nous offre avec
Balada triste un monde unique pour un film qui l’est tout autant. Totalement déroutant, il mélange les genres et les émotions avec un talent incroyable. Le romantisme se mêle à l’histoire sombre de l’Espagne pour nous livrer un film de monstre touchant, choquant et sanglant.