Très bon film, en effet !
Allez zou ! J'y vais moi aussi de ma propre critique :
Réalisé par Rodman Flender
Avec Brooke Adams, Jeff Hayenga, James Karen, K Callan, Jane Cameron
Etats-Unis
1991 – 1h23
RésuméUne jeune femme n'ayant pas réussi à concevoir un enfant de façon naturelle, tente une insémination artificielle auprès d'un docteur réputé. Mais d'étranges rumeurs à son sujet sur son goût pour les manipulations génétiques finissent de la convaincre d'avorter. Ses craintes se sont révélées juste : le fœtus est un monstre, qui est d'autant plus encore vivant...
Mon avisPour son premier long métrage, Rodman Flender, qui avait auparavant produit des films horrifiques à (tout) petits budgets comme
The Terror Within (1989) ou
The Rain Killer (1990) a décidé de s'attaquer d'emblée à un sujet assez difficile : l'enfantement.
Surfant allègrement sur la vague des
Rosemary’s Baby de Roman Polanski (1968) ou du
Monstre Est Vivant de Larry Cohen (1974),
The Unborn va essayer de se faire une place parmi ces deux films incontournables du genre, tout en faisant planer l'ombre de la manipulation génétique si chère à David Cronenberg (
La Mouche et
Faux-Semblant, notamment).
Pour ce faire, Rodman Flender va nous faire vivre les (mes)aventures de Virginia Marshall (Brooke Adams) et de son mari Brad (Jeff Hayenga) aux prise avec le mystérieux Dr. Meyerling (James Karen), un médecin généticien chargé de permettre au couple d'avoir enfin son premier enfant.
Alors certes, on ne peut pas dire que
The Unborn révèle clairement la personnalité de Rodman Flender en tant que réalisateur, dans la mesure où l'homme revendique clairement sa filiation artistique avec l'œuvre de Cronenberg
(le légendaire Roger Corman qui co-produira The Unborn avec Flender avouera lui-même que le long métrage a été pensé comme la rencontre de Rosemary's Baby avec La Mouche…) et qu'il n'hésite pas à bondir sur l'engouement autour de la saga
Jeu d'Enfant (Chucky). Un tantinet opportuniste ?
Oui, peut-être...Mais au fil de la pellicule, force est de constater que le jeune réalisateur a su insuffler un univers assez riche voire même intellectuel dans son récit horrifique puisqu'il va y traiter de la question de la maternité et de la folie humaine, tout en laissant entrevoir en filigrane, les brûlants sujets de l'avortement et de l'ambivalence des sentiments d'amour / haine d'une mère pour sa progéniture… aussi monstrueuse soit-elle !
C'est donc un difficile numéro d'équilibriste que Rodman Flender réussi assez bien en fin de compte, même si les maigres moyens financiers alloués au projet l'obligent à faire parfois un peu de remplissage et à parsemer le film de quelques longueurs (la dégénérescence mentale de Virginia qui tourne progressivement aux cauchemars, à l'isolation puis à la paranoïa et la folie, les interrogations de Brad…). Et ce parti pris audacieux d'"intellectualiser"
The Unborn va vite gommer les petits défauts du métrage grâce à la mise en adéquation d'atmosphères pesantes (la psyché de Virginia, le laboratoire du Dr. Meyerling…) et de quelques scènes aux effets gore (mais softs) bien réussis (l'accouchement, l'attaque du père, la destruction de l'antichambre du généticien…).
Qui plus est, la bande originale composée et interprétée par Gary Numan (souvenez-vous du hit "Cars" de 1979) rajoute une note encore plus ambiancée à l'ensemble grâce à une musique froide. Une froideur clinique, même.
Une froideur qui colle à merveille avec le sujet...A l'arrivée, même si
The Unborn est truffé d'imperfections (notamment dans l'apparence du bébé et les lenteurs de l'histoire…), il n'en reste pas moins pétri de bonnes intentions et d'une réelle sincérité dans sa démarche artistique.
Pour son premier film sur ce difficile thème qu'est l'enfantement, Rodman Flender s'en tire donc avec les honneurs (même s'il est encore loin de faire de l'ombre à ses illustres aînés que sont Roman Polanski, Larry Cohen ou David Cronenberg) et peut s'enorgueillir d'avoir réussi à inspirer le réalisateur Rick Jacobson d'en faire une suite quelques années plus tard… même si elle s'avère des plus obscures !
Il est à noter que Lisa Kudrow (Phoebe de
Friends) tiendra ici son tout premier rôle dans ce film, en jouant le personnage de la brunette (!) Louisa Krelm.