Réalisé par Fritz Lang
Avec Brigitte Helm, Alfred Abel, Gustav Fröhlich
Long métrage Allemand. Genre : Fantastique, Science fiction, Thriller, Action
Année de production : 1927
Synopsis : Des ouvriers travaillent dans les souterrains d'une fabuleuse métropole de l'an 2026. Ils assurent le bonheur des nantis qui vivent dans les jardins suspendus de la ville. Un androïde mène les ouvriers vers la révolte.
Mon avis :
Autant dire que l’on se doit de rester humble face à une œuvre d’une telle ampleur et qu’en tant que critique amateur il n’est pas simple de s’attaquer à un monument du septième art. Car c’est bien là d’un des premiers « blockbuster » du cinéma dont on va parler. C’est donc en toute humilité que je me permettrais d’émettre un avis critique.
Tout d’abord la force du film de Fritz Lang (certainement pas le meilleur du réalisateur) est son aspect précurseur. Réaliser que le long métrage a été tourné en 1927 et qu’encore aujourd’hui ses propos trouvent échos révèlent juste du génie. L’intrigue, certes bourré d’incohérence et de défauts, va poser les fondations du cinéma de science fiction, et s’articuler autour de problématiques qui n’ont toujours pas trouver de réponse : humanisation de la technologie et de la robotique plus particulièrement, servitude au travail, soumission au machine, ultralibéralisme destructeur (Avec révolution du peuple d’en bas face à celui de la privatisation et de l’économie de marché)…
Ce que l’on retiendra également est l’architecture passionnante de Metropolis. Les décors font parties intégrantes de l’intrigue, et au gré de leurs transformations, de l’évolution et de l’avancement de l’œuvre un aspect des plus chaotiques s’installe. Et encore de nos jours les effets spéciaux, la qualité des images, et la grandiloquence des décors n’ont rien à envier au cinéma hollywoodien.
Chaque plan semble réfléchi et travaillé. Rien n’est laissé au hasard, et très rapidement la ville de Metropolis prend vie sous nos yeux comme si elle avait toujours existé. Elle nous devient familière et on a l’impression d’en connaître les moindres recoins. Impossible encore une fois de ne pas penser au mégalopole qui jaillissent du sol. Fritz Lang continue de percevoir les futures mutations du monde dans lequel il vit.
L’œuvre est d’une ambition rare, et parvient sans cesse à viser juste, parfois exagère à coup d’excès de dramatisation. La fin étant sans aucun doute l’aspect le moins réussi. La réconciliation providentielle, avec l’aide d’un médiateur miraculeux laisse planer un certain malaise. Il ne faut pas oublier que l’idéologie de l’œuvre peut paraître légèrement douteuse. Les hommes se rebellent contre les nantis qui les contrôlent mais finissent par abdiquer. On peut alors penser qu’il est possible d’unir la masse aux « élus » par le biais du cerveau et des mains. Fritz Lang n’accepta jamais cette idée qu’il trouvait trop lié au nazisme qui montait tout doucement. Il ne se trompait pas puisque le régime nazi en récupéra le message quelques années plus tard.
Outre ces quelques défauts, Metropolis doit avant tout, et surtout, être reconnu pour ce qu’il est : un chef d’œuvre essentiel et prophétique qui préfigura tout un pan du cinéma.