Intruders

On lui devait le talentueux et incontournable 28 Semaines Plus Tard, Juan Carlos Fresnadillo revient aux commandes d'un long métrage. Cette fois il se penche sur les peurs infantiles et les monstres que chacun pense avoir dans ses placards. De contaminés à enfants traqués, réussira-t-il à passer le cap?
Bien qu'ils appartiennent à des mondes culturellement et géographiquement distincts, deux enfants, Juan en Espagne et Mia en Angleterre, reçoivent chaque nuit la visite d'un intrus sans visage, un individu terrifiant qui cherche à prendre possession de leur être. Sa présence devient de plus en plus oppressante, s'immisçant petit à petit dans leur quotidien et celui de leurs proches. L'angoisse atteint son paroxysme quand leurs parents deviennent eux aussi témoins de ces apparitions.
Intruders a, vous l'aurez compris, la particularité de nous faire suivre deux histoires en parallèle. Le réalisateur réussit à maitriser les deux et de ce fait à titiller notre curiosité. Quel lien peut-il y avoir entre ces deux familles? Voilà ce qui risque fort de vous trotter dans la tête durée la quasi totalité du visionnage. L'intrigue a été bien pensé de manière à ne laisser aucun répit, mais surtout à faire naitre des interrogations. Même le doute risque de s'installer à maintes reprises.
Grâce au talent du réalisateur, on sent très bien la touche espagnol qui donne souvent au long métrage une ambiance unique. Intruders ne déroge pas à cette règle. Il oscille à de nombreuses reprises entre le film d'horreur et le conte fantastique. L'histoire même du monstre du film, Sans-Visage fait froid dans le dos. La manière dont les enfants la vive et la mette en scène est glaciale. Tout a été pensé pour créer une ambiance unique et opressante.
Ce n'est pas le casting qui va remettre en cause la qualité du film. L'ensemble est porté par des adultes et des enfants tous aussi impliqués les uns que les autres. Clive Owen, dans le rôle du père de la jeune Mia (Ella Purnell) est tout bonnement remarquable. Il arrive à toucher le spectateur tout en l'effrayant par moment. Les deux enfants interprétés par Ella Purnell et Izán Corchero, font remonter en chacun de nous nos peurs les plus enfuies. De par leur regard ils savent effrayés et émouvoir. On sent tout le talent qui réside en eux.
Ce petit groupe va mener le spectateur vers une fin réussie et assez inattendue. Elle n'a rien de si surprenant mais donne une autre dimension à l'ensemble. Il est juste regrettable en fin de compte que par moment le cinéphile se sente un peu perdu dans le déroulement de l'histoire. Le scénario manque juste de nous éclairer dans l'orientation que le film prendra au fil des minutes. Il n'en reste pas moins une excellente surprise que je ne saurai que conseiller.

Intruders ne sera certes pas le film à retenir de 2012, mais il mérite une place dans votre vidéothèque au même titre que Nuit De Terreur (2002), parce que les monstres de notre enfance ne nous quittent jamais totalement.