Stuart Gordon est surtout connu pour son fanatisme vis à vis l’œuvre de
H.P. Lovecraft au travers de ses nombreuses adaptations, dont
Re-Animator (1985),
Au Portes De L'Au-Delà (1986),
Dagon (2001) ou bien encore sa participation dans les
Masters of Horror avec
Dreams In The Witch-House (2005). Après deux épisodes spécialement crées pour la télévision, il revient en 2007 au cinéma avec
Stuck (sous-titré en France
"instinct de survie").
Tout d'abord,
Stuck développe une réflexion, un propos d'ordre social. Le personnage de Tom (
Stephen Rea), qui se fait expulser de chez lui, est représentatif d'un pan de la société oublié des puissants (la scène du Pôle Emploi comme satire du système et de ses limites, la rencontre entre Tom et le SDF à caddies...). Son éviction est le départ d'une série Evénements qui plongera de plus en plus Tom en enfer.
Ensuite,
Stuck se distingue des survivals classiques par sa narration. En effet, le film se construit sur deux trames bien distinctes : la première, l'histoire du point de vue de Brandi et sa
''victimisatrice'' malgré elle, et le second, celui de Tom, le SDF malchanceux. La tension, vraiment palpable tout du long, s'articule autour d'un montage dans lequel s'alternent ces deux axes directeurs.
La mise en scène de
Stuart Gordon allie plans
"en caméra épaule" et plans fixes, ainsi que de nombreux changements de rythme dans le montage. Le suspense est durable et extrêmement bien maîtrisé.
Mais le film n'est pas malheureusement pas exempt de défauts. Ainsi, l'excellente performance de
Stephen Rea est un peu freinée par celle plutôt médiocre de la jeune
Mena Suvari. De même, l'arrivée au troisième acte est un peu longuette, ce qui fait que la tension se maintient un bon bout de temps pour atteindre son paroxysme un peu trop tardivement. A l'inverse, les retournements de situations sont peut-être un peu trop rapides, ce qui est sûrement dû à un budget très serré.
Tout de même,
Stuck reste un bon survival et est la preuve que
Stuart Gordon a gardé le goût de la mise en scène horrifique qui le caractérise, et ça, c'est vraiment réjouissant. Vivement le prochain film !