Après l'énorme claque de
28 Jours Plus Tard et l'immense engouement qui s'en est suivi dès 2003 (tant sur le plan du box-office que sur celui des récompenses artistiques), on n'imaginait pas vraiment la portée que pourrait avoir une éventuelle suite au métrage de l'indéboulonnable
Danny Boyle tant l'homme avait mis la barre haut…
Pour tout dire, on espérait presque qu'il n'y aurait pas de suite du tout, tellement le film apportait un immense bol d'air frais à un genre cinématographique fortement sclérosé.
Et quand on a appris vers 2005, que l'espagnol
Juan Carlos Fresnadillo (
Intacto) allait reprendre la franchise en annonçant la mise en chantier de
28 Semaines Plus Tard, on imaginait le pire…
…mais c'était bien mal connaître le talent du réalisateur ibère !
En effet, dès les premières minutes du film, l'espagnol va avoir la bonne idée de reprendre exactement là où son prédécesseur s'était arrêté, en reprenant la scène de la "fuite" de
Don (
Robert Carlyle) poursuivi par une horde d'infectés après l'abandon poignant de sa femme
Scarlet, à une mort certaine.
De plus,
Fresnadillo va rassurer les fans en optant pour une approche artistique nerveuse (avec une bonne utilisation de la caméra à l'épaule) dans la droite lignée de ce bon vieux
Danny Boyle dans le premier volet de la saga…
Ainsi, la clé de voûte de
28 Semaines Plus Tard est de se placer clairement dans la continuité logique de
28 Jours Plus Tard et d'évoluer sur cette dynamique.
Le pitch du film est donc assez simple : 6 mois après l'apparition du "virus de la fureur" qui a décimé toute l'Angleterre, les forces armées américaines ont (re)pris le contrôle de la situation et construit un périmètre de sécurité au cœur de Londres, afin de commencer la reconstruction d'une société transformée et meurtrie. C'est dans ce monde totalement aseptisé (mais réconfortant) que
Don, rongé par la culpabilité de l'abandon de
Scarlet, va retrouver ses enfants
Andy et
Tammy qu'il croyait disparus. Après la joie des retrouvailles, le père de famille va avoir la lourde charge de leur annoncer la mort de leur mère et tenter de recommencer une vie de famille "normale"…
Afin d'essayer de faire leur deuil,
Andy et
Tammy vont se rendre en secret hors de la zone de décontamination londonienne dans leur ancienne maison… et tomber nez à nez avec leur mère !
C'est à partir de ce moment-là, que
Fresnadillo va passer à l'étape supérieure en faisant exploser le malaise latent du mystère de la "mort" de
Scarlet en un véritable drame familial, qui va de fait s'étendre à toute la population dès que
Don sera lui-même contaminé.
28 Semaines Plus Tard va alors prendre la forme d'un survival horrifique où chacun tentera de s'en sortir en laissant parler son instinct…
Sans jamais tomber dans la facilité ou plagier le travail étalonné par
Boyle,
Fresnadillo va démontrer tout au long du film qu'il maîtrise à merveille son sujet, et même se permettre de sortir des sentiers battus du genre, en délayant une histoire typiquement "familiale" très prégnante, mais empreint d'une violence psychologique assez crue. Une manière de démontrer son étonnant savoir-faire sans jamais trahir le matériau d'origine mise de
28 Jours Plus Tard. Un vrai numéro d'équilibriste !
A l'arrivée,
28 Semaines Plus Tard dépasse sans conteste de la tête et des épaules son modèle, en présentant un film dur, émotionnellement puissant et ô combien excitant.
Juan Carlos Fresnadillo peut donc bomber le torse : il a réussi ici un véritable tour de force !
Hélas, le revers de la médaille, c'est qu'on se dit maintenant que le troisième volet de la saga,
28 Mois Plus Tard, sera sans doute un cran en dessous de ses deux prédécesseurs et ce, même si
Danny Boyle a récemment confirmé qu'il serait de la partie !
Il y a là comme un sentiment de déjà-vu, non ?