Peur express, Jo Witek

Un train bloqué sur un viaduc en pleine tempête de neige, dans une nuit profonde. Six jeunes passagers - qui ne se connaissent pas - sont la proie de phénomènes étranges : hallucinations, accès de démence, voix de revenants, rituel satanique... Pourquoi eux ? Pourquoi dans ce train, et cette nuit-là ? Un thriller haletant, un voyage dans le paranormal qui atteint les frontières de nos croyances et de nos certitudes.

La littérature jeunesse et plus particulièrement le thriller pour adolescent a réellement pris un tournant dans le monde la lecture. Souvent remplie de créatures issues de divers mythes et légendes comme les loups-garous, les vampires ou autres êtres maléfiques de la nuit, la bit-lit envahit les librairies de ses très nombreux ouvrages. Difficile souvent de faire un choix et trouver un peu d’originalité. Et c’est justement ce que semble nous proposer Jo Witek au travers de son nouveau roman, Peur Express.
Un 22 décembre, un TGV tombe en panne sur un viaduc en pleine tempête de neige. Parmi les passagers, six adolescents - qui ne se connaissent pas - sont alors sujets à des phénomènes étranges: hallucinations, visions de personnes décédées, voix harcelantes, prétendue apparition d’un vampire… Le contrôleur est agressé physiquement par l’un d’eux tandis qu’une autre menace des voyageurs avec un couteau pour une simple bouteille d’eau. La voiture-bar sera même dégradée par un incendie. Actes de vandalisme perpétrés par une bande organisée, comme le prétendra la presse, ou faits bien réels mais inexplicables défiant la logique et l’entendement ? Pourquoi dans ce train, et cette nuit-là ? Que s’est-il passé pour que des jeunes gens aient été tous terrifiés à ce point ?
Peur express est un roman qui se décompose en trois parties toutes autant intéressantes les unes que les autres. Dans un premier temps l’auteur nous fait faire le tour des protagonistes qui auront un lien avec l’intrigue principale. Les faiblesses et tracas de chacun nous sont dévoilés un par un afin d’humaniser chaque personnages. On sent qu’un travail tout particulier a été fait sur la profondeur de chacun. Le réalisme semble aussi avoir été une des clé de l’écriture de ce roman, la connaissance du monde du chemin de fer avec l’utilisation d’expressions connues des cheminots augmente l’immersion. Une fois les choses bien en place, notre train s’arrête sur le viaduc et l’horreur s’en empare. Pour être à l’aise devant ce récit il ne faut être claustrophobe ou sujet à des crises d’angoisse, sans quoi une terrible sensation d’oppression risque de se mêler à l’aventure. Il faut bien l’avouer Jo Witek a fait un travail fabuleux de descriptions des sensations de craintes et de malaise. Nul n’y sera insensible. Le surnaturel et le fantastique s’invitent au voyage. Chacun de nos six jeunes voyageurs va alors à sa manière se confronter à l’horreur. Cela va passer par l’apparition d’un tueur en série, d’un ancien nazi, d’un vampire sanguinaire et autres fantômes issues pour la plupart d’un passé sombre. Enfin la dernière partie, et c’est en celle-ci que réside toute l’originalité de la lecture, nous entraine plusieurs mois après ce trajet mouvementé. Un brillant psychologue-sociologue va se pencher sur les faits étranges qui se sont déroulés dans ce train et tenter de résoudre les énigmes au travers de petites expériences. Le lecteur est amené dans le vif du mystère, témoin des résultats des tests entrepris par le scientifique : une belle manière de maintenir l’intérêt. Ancrée à la frontière entre un récit fantastique et un bon polar, Peur express de Jo Witek sait emmener le lecteur là où jamais il n’aurait pensé se retrouver et en tire sa force.
Enfin dernier point, ne croyez pas cette lecture jeunesse inintéressante pour un adulte, elle est captivante de la première à la dernière ligne dévoilant un univers unique.

Jo Witek signe une œuvre littéraire avec pour mot d’ordre l’originalité. Peur express emmène le lecteur dans un cauchemar sans fin où chacun semble ressentir ses propres terreurs.