Les années 2010 ont déjà vu plusieurs anthologies horrifiques ou films d'horreur à sketches destinés au grand écran. On peut notamment retenir
Deadtime Stories (2011),
VHS (2012) ou encore
The ABC's Of Death (2013).
The Theatre Bizarre (2011) lui, réunit sept metteurs en scène peu connus du cinéma de genre. Chacun réalise un des sept segments de cette anthologie, et bénéficie d'une liberté artistique et esthétique absolues, seulement encadrées par le budget.
En effet, chaque volet dispose d'environ 20 000 $ de budget (ce qui est vraiment très peu). On retrouve avec plaisir un esprit
"cheap" des années 1970 ou 1980.
Les festivités commencent avec "Theatre Guignol" réalisé par
Jeremy Kasten. Cette partie regroupe tous les interludes entre chaque oeuvre et sert de liaison au sein de cette anthologie. On retrouve le légendaire
Udo Kier en hôte du show du Théâtre. Son jeu est vraiment bon, il bouge comme un pantin ou un robot, et c'est sur une idée de ''marionnetisme'' tout à fait intéressante que se détache le personnage de
Udo Kier et celui de la jeune fille. On n'aurait pas pu trouver mieux pour ouvrir ce
Theatre Bizarre. Le jeu de lumière est lui aussi très bien maîtrisé.
Le second segment, intitulé "Mother of Toads" (littéralement, "la mère des crapauds") est réalisé par
Richard Stanley. Un homme et sa copine en vacances, rencontrent sur un marché une vieille femme qui dit posséder le Necronomicon (un livre qu'aurait écrit
Lovecraft mais qui n'aurait jamais été découvert). Intrigué, l'homme se rend chez elle.
Dans ce second sketch, on retrouve un style "lovecraftien" appuyé, proche de celui du réalisateur
Stuart Gordon ou encore de
Lucio Fulci (avec notamment la présence d'une de ses actrices fétiches,
Catriona McColl).
L'ambiance lugubre est bien représentée, la mise en scène des crapauds est elle aussi très bien travaillée. On retiendra aussi un très bon maquillage pour cet épisode, qui est le plus "fantastique" de toute l'anthologie.
Le troisième volet, intitulé "I Love You" est réalisé par
Buddy Giovinazzo et c'est le moins horrifique de tous. L'histoire est simple : une femme décide de quitter son mari. De là, le film part dans de longs dialogues où les acteurs se perdent un peu.
En effet, la longueur se fait ressentir (le final mettant du temps à arriver) et les performances des comédiens étant tout juste correctes, le métrage ne possède pas de réelles bases sur lesquelles construire un bon film. Le moins bon épisode de la série.
Le quatrième segment est réalisé par le célèbre
Tom Savini (maquilleur reconnu, notamment pour son travail sur la saga des morts-vivants de
Georges A. Romero et son remake de
La Nuit Des Morts-Vivants en 1991). Il s'intitule "Wet Dreams". Le film est une succession de petits sketches, chacun représentant un rêve. La manière dont le sujet est traîté rend cette partie intéressante, on se perd vite dans les rêves des personnages. La réalisation est certainement la plus "classique" de l'anthologie, mais elle reste efficace et appropriée. Le final est bien trouvé, et le tout est plutôt plaisant. Sympathique, mais sans plus.
Le cinquième sketch, "The Accident" mis en scène par
Douglas Buckb, raconte l'histoire d'une mère et de sa fille assistant à un accident d'un motard sur une route de forêt. Je dirais que ce film n'est pas vraiment "horrifique au sens premier du terme, mais il l'est dans l'idée, car il s'agit d'une petite file voyant la mort pour la première fois. Une sorte d'horreur sociale bien légitime.
L'enfant "percute" métaphoriquement le monde des adultes (on retiendra le beau plan où le sang du cerf atteint la poupée de la fille). Un thème intéressant, et une poésie dans les dialogues et la mise en scène, qui en font l'un des meilleurs segments de
The Theatre Bizarre.
Le sixième et avant-dernier épisode, "Vision Stains" est réalisé par
Karim Hussain. Une jeune femme a découvert comment garder les souvenirs de personnes : en prélevant avec une seringues leur
"vision stains" (littéralement leur
"tâches de vision") dans leurs yeux au moment de la mort.
C'est un thème intéressant, original avec un penchant philosophique (se nourrir de la vie, de l’existence des autres, au point de s'oublier soi-même), et la réalisation convient parfaitement au sujet.
Le seul hic, c'est sa durée trop courte pour traîter efficacement le thème choisi. Malgré cela, il en demeure quand même l'un des meilleurs segments...
Le septième et dernier volet, c'est "Sweets"
("bonbons") de
David Gregory. Ce court-métrage est bourré d'humour noir et ne se prend pas au sérieux du tout, ce qui en fait surement l'un des plus appréciables de la série.
La première séquence est juste excellente notamment grâce aux décors (la nourriture est partout) et le jeu des deux acteurs interprétant les membres du couple (
Guilford Adams et
Lindsay Goranson) est vraiment excellent tout le long du métrage. Les dialogues sont subtil et efficaces.
Totalement surréaliste, l'univers décalé, appuyé par une mise en scène très bien travaillée de bout en bout, fait de "Sweets" le film le plus osé. Pour moi, le meilleur segment rien que pour la première scène...
En somme,
The Theatre Bizarre possède pas mal de points forts, mais quelques faiblesses aussi.
Ainsi, certains courts-métrages auraient peut-être été plus appréciés s'ils étaient sortis seuls et non au sein de cette anthologie.
On garde tout de même un bon souvenir de ce
Theatre Bizarre, et on attend avec impatience
The Theatre Bizarre 2 !