Critique de ce bijou :
A la toute fin des années quatre-vingt-dix,
Don Coscarelli (réalisateur de la saga
Phantasm) achète les droits de deux nouvelles de
Joe R. Lansdale :
La Survivante (qu'il traîtera dans son épisode de la série
Masters of Horror) et
Bubba Ho-Tep. Alors que l'auteur lui-même déconseille à
Coscarelli d'adapter
Bubba-Ho-Tep, ce dernier décide par tous les moyens de se lancer cette adaptation, bien que son auteur la décrive comme étant inadaptable.
Coscarelli rassemble alors l'équipe des
Phantasms, et tourne ce petit bijou qui est l'un des meilleurs films de genre du XXIème siècle
(et je pèse mes mots !).
En premier lieu, le scénario est totalement déjanté, un Elvis vieillot combattant une momie dans une petite bourgade des Etats-Unis. Un pitch qui aurait sans doute tourné dans la série B, voire Z, si un autre scénariste s'en était emparé avant. Mais il n'en est rien,
Coscarelli signe sûrement sa meilleure histoire, une fable habile traîtant de la vieillesse, de la gloire perdue, mais aussi et surtout de la mort qui se rapproche...
Bubba Ho-Tep regorge de séquences délicieuses pour tous les fans de genre. On peut noter en particulier l'attaque d'un insecte, qui profite d'une mise en scène minimaliste mais exemplaire ! Ou bien encore toutes les scènes mettant en scène la momie, qui par ailleurs, bénéficie d'un maquillage parfait, vraiment "old school", le type d'effets qu'affectionne particulièrement
Coscarelli.
Les dialogues sont savoureux, remplis d'un humour parfois léger, parfois plus profond, mais qui ne virent jamais dans le ridicule. Ils sont d'ailleurs très intéressants et développent avec subtilité les thèmes abordés.
Bubba Ho-Tep bénéficie d'un casting incroyable : le mythique
Bruce Campbell (Ash dans les
Evil Dead de 1981, 1987 et 1993 de
Sam Raimi) dans le rôle principal d'Elvis, qui signe la meilleure performance de sa carrière, et on peut réellement parler de performance tant sa prestation est d'une maîtrise et d'une précision qui surpasse les héros de films de genre classiques.
On retrouve aussi
Ossie Davis (un ancien proche de
Malcolm X ou encore de
Martin Luther King) dans l'un des derniers rôles de sa carrière d'acteur, longue de cinquante-cinq ans. Le cascadeur
Bob Ivy (qui a collaboré avec
Coscarelli sur presque tous les
Phantasms) incarne la momie Bubba Ho-Tep, qui reste son plus grand rôle au cinéma. La fille d'Elvis, Callie est incarnée par la très belle
Heidi Marnhout (que l'on peut voir dans
Phantasm IV : Oblivion). Enfin on peut noter le petit rôle de
Reggie Bannister (ami de longue date du réalisateur ayant participé à quasiment tous ses films) qui fait toujours plaisir.
La musique de
Brian Tyler (qui signera dix ans plus tard, la bande originale de
John Dies At The End, le dernier film de
Coscarelli) est une vraie merveille ! Exactement ce dont le métrage avait besoin (mention spéciale à la musique du générique de fin) !
Encensé par la critique à sa sortie, et bénéficiant d'un succès public non négligeable,
Bubba Ho-Tep reste
(et restera sûrement) le meilleur film de
Don Coscarelli. Il n'y a pas de doute sur le fait qu'il deviendra un classique et il est déjà une référence pour bon nombre d'amateurs !