Critique :
Jaume Balaguero est connu pour ses récits fantastico-horrorifiques tels que les excellents
Secte sans Nom (1999),
Fragiles (2005) ou encore le film désormais culte,
[REC]. Ici, avec
Malveillance, il retourne au thriller non fantastique plus proche de
La Secte sans Nom que de ses métrages plus récents.
Déjà, le scénario est d'une précision et d'une minutie rares. La mise en place de l'obsession de César, de son secret est très bien exposé au spectateur. Le script prend le temps qu'il faut pour tout expliquer et bien mettre en place la personnalité de chaque personnage secondaire. Il n'y a aucune concession, on se retrouve en position de voyeur, tout comme le protagoniste. On observe les faits et gestes des habitants de l'immeuble de son point de vue. D'ailleurs, tout le parallèle entre le jour, il est un concierge charmant et attentionné, et la nuit, où il devient comme un psychopathe obsessionnel sombre et potentiellement dangereux, est très bien travaillé.
La performance de
Luis Tosar (excellent acteur de
Même la Pluie d'
Icíar Bollaín ou encore de
Cellule 211 de
Daniel Monzón), bien que toute en retenue et sobre, est parfaite pour le personnage. Renfermé sur lui même, ses yeux sont le moyen d'expression principal du film, les scène d'"observation" étant quasiment toutes muettes. On peut aussi noter les bons rôles secondaires comme Clara, la dame aux chiens, le père de famille etc. représentatifs de la mini-société qu'est l'immeuble gardé par César.
La mise en scène de
Balaguero est une fois de plus exemplaire, sans grands mouvements de caméra, tout en restant dans un huis clos (on ne quitte jamais l'immeuble). Il parvient à faire vivre l'immeuble. Les travellings nous emmènent dans la subjectivité de César et nous rend nerveux, dans la position du voyeur.
Mention spéciale pour la musique de
Lucas Vidal, pleine de lyrisme et de malice, qui dépeint cet univers avec brio. Elle nous transporte au travers d'un thème principal captivant et même envoûtant, grâce aux airs de piano notamment, ce qui est symptomatique du métrage.
En somme, c'est un très bon film signé par l'un des meilleurs réalisateurs de genre du moment. Il ne faut surtout pas y passer à côté !