L'affiche dit tout : on va avoir droit à un film dénudé avec du gros sang rouge cerise, esthétique mais plutôt vide...
LE POSITIFCar il y en a, malgré l'annonce de la critique !
D'abord, l'esthétisme.
Il faut reconnaître à ce film qu'il y a un travail sur les lumières et les couleurs. Les cadrages sont souvent réfléchis pour plonger dans les scènes, mettre en avant des personnages ou vouloir créer une ambiance. Tout a été mis en œuvre pour que les scènes soient léchées (rien à voir avec la nurse dénudée).
Ensuite, il y a le jeu des comédiens.
On dira ce que l'on voudra de l'inexpressivité de Paz de la Huerta, elle reste, à l'instar de Dexter, mystérieuse (certes, inexpressive, elle ne peut pas faire plus mais ça se tient). Les autres comédiens principaux jouent en général juste et évite la surenchère grotesque que l'on peut retrouver dans divers films...
Après, il y a la présentation des faits. "L'héroïne" fait passer certains actes pour autre que ce qu'ils sont, semant le trouble chez certains personnages. C'est plutôt bien vu.
Enfin, il y a les personnages secondaires - que l'on pourrait presque croire plus travaillé que les personnages principaux, plus fades. L'infirmière black, Niecy Nash, est excellente, décalée, drôle ; la DRH fofolle est truculente dans son rôle de joyeuse compulsive et le voisin benêt est bien amusant.
Pourtant, on est censé être dans un film d'horreur alors où il est, ce film d'horreur ?
LE NEGATIFLe film d'horreur arrive à 1h09 plus ou moins exactement (il s'éveille à 1h07). Avouez que pour un film d'1h20 et 44 secondes, générique de fin inclus, c'est peu.
Avant cela, on a une piqûre ici, un empalement là... Et surtout, l'impression d'être devant un thriller de l'après-midi sur M6.
Pendant une bonne heure, ça palabre sans cesse, ça développe des faits, ça discutaille entre copine comme une série pour adolescents...
Le principe de base - qui n'était pas mauvais (la nurse s'attaque à tous les hommes trompant leur femme) - est oublié très rapidement au profit d'une autre histoire d'amitié (d'amour ?) non réciproque qui s'étale (comme cette phrase) pendant des plombes.
Quand les dix minutes de carnages arrivent, on est presque anesthésié et, si en effet ça carnage à tout va, on ne profite pas complètement de cette apothéose rouge. Après une heure de lenteur, on assiste à dix minutes qui partent dans tous les sens.
LES PROBLEMES DU FILMIl ne va jamais assez loin.
Il se veut sulfureux en montrant des fesses et des seins. Le plus torride reste un baiser volé entre deux femmes (dont une quasi inconsciente) ou une femme plaqué contre un vitre en verre cathédrale...
Il se veut horrifique mais le déversement hémoglobinaire ne vient que sur la fin et se contente de déverser des hectolitres de sang en image de synthèses pour le moins peu réussies.
Il veut se donner un côté polar avec la narration à l'ancienne des films des années 50 mais les phrases ne sont pas assez bien tournées pour cela.
Il plonge parfois vers le thriller mais ne parvient pas à angoisser pour autant.
CONCLUSIONUn film mitigé, n'allant pas assez loin mais tentant de le faire avec qualité.
Dialogues souvent inintéressants, thriller mal ficelé (on a pourtant une enquête et une femme qui cherche à cacher des photos), ce qui "sauve" le film se trouve dans le positif : qualité des éclairages et jeu de comédiens plutôt bon. Cela évite au film de sombrer dans le nanar complet sans pour autant le placer sur un piédestal inaccessible.
Ayant vu des films bien pires, j'en garde le sentiment d'un film qu'on peut voir si on n'a rien d'autre à faire : on aurait perdu sa soirée de toute façon...