Acteurs : Sheri Moon Zombie, Bruce Dern, Marvin Duerkholz, Meg Foster, Ken Foree, Ernest Lee Thomas
Synopsis Au Moyen-Âge, à Salem dans le Massachusetts, vingt-cinq jeunes femmes innocentes sont exécutées pour sorcellerie, toutes capturées par les Lords de Salem, chargés de trouver les femmes soupçonnées de sorcellerie. Parmi les victimes, quatre vraies sorcières jurent de revenir se venger.
De nos jours, Heidi, DJ dans la station de radio WIQZ Salem Rocks mène une vie paisible jusqu'à la réception d'une mystérieuse boîte en bois contenant un mystérieux vinyle à la musique étrange qui lui fait avoir des visions et des expériences traumatisantes…
Avis de BikinikillLa Maison Des 1000 Morts,
The Devil's Rejects,
Halloween,
Halloween II… mine de rien,
Rob Zombie a réussi au fil des ans et à la force du poignet, à réussir sa reconversion du métier de chanteur à celui de réalisateur, sans jamais retourner sa veste ni céder aux sirènes de la facilité commerciale.
Mieux encore, l'homme a toujours su s'impliquer à fond et défendre tous ses projets artistiques les plus difficiles (comme les
Halloween ou bien le projet avorté du remake de
The Blob), quitte à se mettre à dos producteurs frileux et même quelques studios plus prestigieux.
Bref,
Rob Zombie s'est toujours posé comme un metteur en scène talentueux à l'imagerie aussi contestataire que bourrée d'influences, si bien que l'annonce en 2010 de la mise en chantier de son nouveau projet,
The Lords Of Salem sur le thème de la sorcellerie a crée un véritable engouement de la part du public, alors même qu'il n'en était qu'au stade de l'écriture du script.
Et dire que ce film est attendu comme le messie par toute une horde de fans est un doux euphémisme… mais la déception risque fort d'être à la hauteur de l'attente !
Pourtant tout partait si bien : après une scène de sorcellerie moyenâgeuse brute de décoffrage en guise d'introduction et la présentation de la belle Heidi (
Sheri Moon Zombie), les premières minutes du métrages laissent entrevoir une belle mise en scène directement inspirée des films d'horreur des 70's et des 80's comme
Rosemary's Baby,
L'Exorciste,
Satan Mon Amour ou même
Shining pour ce qui est de l'immeuble dans lequel vit notre héroïne (les tapisseries à motifs géométriques), ce qui donne à penser que le réalisateur va nous régaler en reprenant à son compte toutes ces ambiances "diaboliques", comme il l'avait si bien fait avec l'univers de
Massacre A La Tronçonneuse dans
The Devil's Rejects, par exemple.
Ainsi, le côté formel de la mise en scène respecte à la lettre le cahier des charges du genre, avec l'utilisation du grand angle et une lumière assez crue, désaturée, voire même blafarde qui rappelle
L'Exorciste, pour nôtre plus grand plaisir.
Mais très vite, on va déchanter…
En effet, à force de trop vouloir coller à l'esprit libre des films de Diable des 70's / 80's (
Rosemary's Baby en tête),
Rob Zombie finit par partir dans tous les sens, au travers de trop nombreux passages oniriques hallucinatoires à la limite du clip psychédélique (la dernière visions d'Heidi ressemble à un vidéo clip de
White Zombie, le groupe de metal du réalisateur) et de flashbacks parfois dépourvus de sens, auréolés d'un kitch souvent ridicule.
De fait, le spectateur se trouve vite désemparé devant les trips mis en avant par le réalisateur et un scénario qui ne laissera pas une grande place à la psyché des différents personnages. On ne parvient donc pas à s'attacher aux protagonistes de
The Lords Of Salem et on se demande même si certains ne sont pas là pour faire du "remplissage" comme Herman "Munster" Jackson (
Ken Foree).
On attend donc ce petit élément déclencheur qui fera que
The Lords Of Salem décolle. En vain.
En vain, car de longueurs en longueurs, rien ne se passe et ça en devient vite ennuyeux et on reste bien en deçà des passages oniriques de métrages comme
Satan Mon Amour ou
Rosemary's Baby qui eux étaient empreints d'une réelle poésie. Ce qui n'est pas le cas ici...
Mais là où le bât blesse, c'est qu'on a l'impression que
Rob Zombie lui-même, ne sait pas où il veut en venir ! On suit en effet, les périples hypnotiques et la lente descente aux enfers de la belle DJ, mais il n'y a aucune véritable tension au travers du film malgré quelques trop rares apparitions fantomatiques (qu'Heidi ne voit pas, d'ailleurs) et de bonnes idées dans l'imagerie de la sorcellerie.
Mais on est bien loin du côté brut de décoffrage et jouissif de
La Maison Des 1000 Morts ou de
The Devil's Rejects, si bien qu'on en vient même à se demander si le metteur en scène n'a pas voulu se fendre d'un métrage
arty volontairement incompréhensible, afin de prendre à contre-pied ses fans et même ses détracteurs, pour démontrer une fois pour toutes qu'il est un
Artiste qui n'en a rien à foutre de ce qu'on pense de lui.
De la masturbation intellectuelle ? Peut-être bien, oui…Et d'un autre côté, si on peut saluer l'audace artistique du monsieur qui s'affranchit ici de toute contrainte commerciale, sans se soucier du qu'en dira t-on, on peut aussi regretter que la sauce ne prend pas, tellement l'ensemble est mal fagoté et disons-le : super Ch****.
Pire encore : on aura l'amère impression que
Rob Zombie a voulu faire SON propre film sans jamais se mettre à la place du spectateur. Ainsi, on ne verra qu'une seule fois d'étranges créatures démoniaques apparaître – très vite – dans une vision de Heidi et puis c'est tout ! Que sont ces êtres ? Quel est leur lien avec l'héroïne ? Quel est leur but ? On ne le saura jamais, et ça c'est assez rageant, tellement le foutage de gueule est prégnant…
De même, si la volonté d'appréhender la sorcellerie via un prisme psychologique et sociologique était une bonne idée à la base, la bonne initiative tombe vite à plat, plombée qu'elle est par des trames scénaristiques incongrues (la scène du théâtre…) et un grand n'importe quoi apparemment assumé par le metteur en scène, mais qui n'en reste pas moins dispensable et de mauvais aloi.
Connaissant le travail de
Rob Zombie depuis des années, on en vient presque à se demander si
Haunted Films, la boîte de production responsable de la calamiteuse franchise
Paranormal Activity, n'aurait pas mis son (gros) grain de sel dans le script et la réalisation (coupe de budget ?), ce qui expliquerait notamment pourquoi après seulement un petit mois de tournage à Salem dans le Massachusetts, tout le reste du film a été mis en boîte à Los Angeles…
Qui plus est, quand on sait que le comédien
Richard Lynch (le Révérend John Hawthorne) a dû abandonner le tournage à cause de sa santé fragile (il décédera en juin 2012) et que ses scènes, à la base importantes, ont été annulées, on se dit que le tournage n'a pas du être de tout repos...
A l'arrivée, il est difficile de dire si la dernière offrande du père Zomblard est un vrai naufrage artistique, un long métrage qui a du être remanié pour diverses raisons et qui en est devenu maladroit, ou une œuvre forte qui s'affranchit de toute contrainte formelle ou narrative, quitte à perdre le spectateur en chemin et de lui laisser la lourde tâche de se faire lui-même une idée sur les tenant et les aboutissants du film…
Mouais, c'est un peu facile, ça…Quoiqu'il en soit, il est indéniable que
The Lords Of Salem fera couler beaucoup d'encre et enflammera les passions des fans (et des détracteurs) tant le film de
Rob Zombie s'avère être décousu et aux antipodes de ses très bons essais filmographiques précédents…