Les Mangeurs De Cerveaux (1958)

La tranquillité du petit village de Riverdale se trouve perturbée avec la découverte d'un cône d'origine extraterrestre sorti tout droit des profondeurs de la Terre…

Un étrange vaisseau d'origine inconnue est apparu dans une petite ville américaine, Riverdale.
Quelques scientifiques (dont le Dr. Paul Kettering) et des agents du gouvernement (dont le Sénateur Walter K. Powers) sont envoyés sur les lieux pour étudier ce mystérieux "cône". Au même moment, certains habitants de la petite bourgade agissent bizarrement avant de mourir d'un coup. Ils ont tous une marque de morsure à la base de la nuque…

C'est donc dans ce contexte d'incompréhension totale et de paranoïa que The Brain Eaters va prendre place, en se basant parallèlement sur la personnalité posée du Dr. Paul Kettering (joué par Ed Nelson, aussi producteur du film) et celle sans concession du pragmatique Sénateur Walter K. Powers (Cornelius Keefe). Le duo aux idées totalement opposées, va devoir mener l'enquête dans une ville de plus en plus en proie au chaos et faire face à un danger qu'il ne voit pas.
Evidemment, on sent tout de suite le spectre de la peur du communisme en toile de fond de The Brain Eaters, tout comme l'étaient de nombreux films de l'époque, mais le spectateur reste cependant agréablement surpris par l'approche artistique délibérément sombre du film.
En effet, pour son deuxième long métrage (le premier c'était Female Jungle en 1955), Bruno VeSota va s'en tirer relativement bien, malgré quelques grossières erreurs de montage (les passages nuit / jour…) mais compensées par des prises assez originales (dont une du point de vue des parasite avant de prendre possession d'un esprit humain) qui donnent énormément de rythme à The Brain Eaters.

Or en cours de film, la nouvelle va tomber comme un couperet : le scénariste Gordon Urqhart s’est grandement inspiré du roman de Robert A. Heinlein, The Puppet Masters…
De ce fait, Bruno VeSota va devoir rectifier le tir en plein milieu de sa réalisation et rediriger certaines scènes de façon à s’éloigner du travail d’Heinlein, tout en gardant une cohérence avec l’ensemble. Difficile numéro d’équilibriste... C’est pourquoi certains passages de The Brain Eaters seront vite expédiés et donneront au long métrage une dynamique à deux temps, et un côté un peu bancal. Dommage…
Mais ne boudons pas notre plaisir ! Malgré les maigres moyens financiers (à peine 30000 dollars), The Brain Eaters comportera son lot de bonnes idées (dont l’appartenance terrienne des parasites depuis des millions d'années) et va préfigurer la paranoïa ambiante des approches artistiques de films contemporains comme Invasion Of The Body Snatchers (1978) ou The Thing (1982).
De plus, comme la plupart des pellicules tournées sous la houlette de l'American International Pictures, The Brain Eaters privilégiera l'action, de façon à donner au spectateur ce qu'il veut : de l'entertainment. Contra rempli.
Il est à noter que l'acteur Leonard Nimoy (le Mr Spock de Star Trek) fera l'une de ses toutes premières apparitions cinématographiques (il sera crédité en tant que Leonard Nemoy…).

En fin de compte, ce film s’en tire vraiment pas mal, même s’il faut bien avouer que la fin du métrage a été galvaudée (limite bâclée) à cause du procès de Robert A. Heinlein à l’encontre des producteurs (dont Roger Corman et Ed Nelson), ce qui a poussé le metteur en scène Bruno VeSota, à terminer son travail de réalisation au plus vite, dans la plus grande précipitation…