Le Château Des Morts-Vivants (1964)

Au début du XIXème siècle, dans une Europe harassée par les guerres napoléoniennes, une troupe d’artistes ambulants est invitée à se produire dans le château de l'étrange Comte Drago. L’aristocrate est un fou excentrique passionné par la taxidermie. En effet, sa demeure est remplie d’animaux embaumés ayant un air étrangement vivant. Les saltimbanques vont bientôt découvrir que la passion du comte le mène à d’horribles expériences, qui ne se limitent pas qu’aux animaux…

A la fin des 50's, le cinéma italien s'attaque au mythe américain en retranscrivant à outrance tous les genres qui ont fait sa renommée (le péplum ou le western, notamment) afin de leur donner une teinte transalpine très marquée (le western "spaghetti").
Dès le début des 60's, l'industrie du cinéma italienne ne va pas s'arrêter en si bon chemin dans son entreprise de "pillage artistique" de ses voisins plus ou moins lointains, et va vite décider de marcher sur les plates bandes de l'horreur gothique britannique, qui a le vent en poupe à cette époque, via la Hammer, en sortant tout un tas de films comme Le Corps Et Le Fouet de Mario Bava, La Vierge De Nuremberg, Des Filles Pour Le Vampire, La Sorcière Sanglante etc.

C'est dans ce contexte-là que sort Le Château Des Morts-Vivants en 1964. Et quoi de mieux que de concurrencer la Hammer en offrant le rôle principal à son meilleur représentant, le fer de lance de l'écurie anglaise qu'est Christopher Lee ?
Alors en pleine ascension dans le succès suite à des films marquants comme Frankenstein S'Est Echappé, Le Cauchemar De Dracula ou Le Chien Des Baskerville, Lee reste encore marqué par des débuts difficiles dans les 40's et n'hésite pas à courir encore les cachets pour assurer ses arrières (on le retrouvera dans pas mal d'obscurs métrages italiens ou allemands au début des 60's)… C'est pourquoi il n'hésite pas à collaborer au projet Le Château Des Morts-Vivants mis sur pied par le producteur américain Paul Maslansky.
Pour ce faire, l'homme va s'entourer de pas moins de trois réalisateurs (!) : Luciano Ricci (alias Herbert Wis), Lorenzo Sabatini (sous le nom de Warren Kiefer) ainsi que l'anglais Michael Reeves. Si à l'heure actuelle, on ne sait pas vraiment qui a fait quoi, il est admis que c'est l'anglais Reeves qui a fait le plus gros du travail…

Bref, le moins que l'on puisse dire c'est que Paul Maslansky n'a pas fait les choses à moitié en s'octroyant en plus de ses trois réalisateurs, des acteurs de qualité (l'immense Christopher Lee, le français Philippe Leroy – inconnu en France, mais véritable star en Italie –) et des seconds rôles marquants comme Mirko Valentin (son visage émacié a déjà été aperçu dans La Vierge De Nuremberg), la belle Gaia Germini (Hercule Contre Les Vampires), Luciano Pigozzi (le Peter Lorre italien), ainsi qu'un jeune canadien prometteur, qui joue ici son tout premier rôle sur grand écran, un certain Donald Sutherland !

Au début du XIXème siècle, dans une Europe harassée par les guerres napoléoniennes, une troupe d’artistes ambulants est invitée à se produire dans le château de l'étrange Comte Drago. L’aristocrate est un fou excentrique passionné par la taxidermie. En effet, sa demeure est remplie d’animaux embaumés ayant un air étrangement vivant. Les saltimbanques vont bientôt découvrir que la passion du comte le mène à d’horribles expériences, qui ne se limitent pas qu’aux animaux…

Comme on pouvait s'y attendre, le Comte Drago ressemble à s'y méprendre au personnage de Dracula avec ses airs de dandy et sa gestuelle si caractéristique, mais Christopher Lee va nous gratifier d'une prestation tout simplement excellente et jouer son rôle avec tellement d'aplomb et de maîtrise, si bien que ce Comte Drago n'aura pas grand-chose à envier à Dracula.
De plus, Sandro (Mirko Valentin), l'âme damnée du Comte, va lui aussi tenir une place indéniable dans la dramaturgie du Château Des Morts-Vivants (notamment avec son physique si particulier) en réalisant les basses œuvres de son maître, et en s'octroyant bon nombre de meurtres afin d'enrichir sa collection de cadavres. Malgré son côté taiseux, l'homme de main reste un personnage très intéressant qui sert à merveille le film et le côté ambivalent de Christopher Lee (on se rapproche parfois des Chasses Du Comte Zaroff).
De son côté, le français Philippe Leroy s'en tire avec les honneurs dans sa prestation d'ancien soldat et réussit sans peine à apporter au film une bonne dose de romantisme au travers de sa relation amoureuse avec la belle Laura. Une manière de donner pas mal de relief au récit et de contrebalancer le côté gothique / horrifique du métrage. Et ce n'était pas une mince affaire, car force est de constater que la photo d'Aldo Tonti (Barrabas, Le Tyran De Syracuse…) est superbe, puisqu'elle donne au Château Des Morts-Vivants une ambiance macabre tout simplement parfaite…
Mais l'un des points forts de la pellicule réside aussi dans sa galerie de seconds couteaux et de "gueules". Ainsi, si Mirko Valentin reste une figure emblématique du film, l'apport de Luciano Pigozzi dans le rôle de l'arlequin psychopathe vaut son pesant d'or. De plus, les autres acteurs comme le nain Antonio De Martino ou Donald Sutherland vont apporter beaucoup de plus-value à l'ensemble. Il faut dire que pour son tout premier rôle au cinéma, l'acteur canadien va réussir son coup en jouant deux personnages à la fois : un sergent de police écervelé ainsi qu'une mystérieuse vielle femme (!) qui semble en savoir beaucoup sur le Comte Drago…

A l'arrivée, Le Château Des Morts-Vivants s'avère être une excellente découverte (près de 50 ans après sa sortie !) et prouve que le cinéma horrifique italien des 60's peut s'enorgueillir de posséder quelques pépites de ce genre-là.
Le trio d'acteurs qu'est Christopher Lee / Philippe Leroy / Donald Sutherland fonctionne à merveille à côté de cette pléiade de seconds rôles de talent et donne au Château Des Morts-Vivants toutes ses lettres de noblesse ès horreur gothique des 60's.
A découvrir, viiiiite !