Steven Moffat est un artiste du dépoussiérage des mythes.
Il paraît - je ne regarde pas - que son arrivée sur
Docteur Who apporta une nouvelle tonalité à la série, gagnant même des prix Hugo pour ses épisodes.
On lui doit une excellente modernisation de Jekyll...
Et sa touche d'intelligence remet au goût du jour de façon pertinente et réussie les aventures de ce grand détective. A mon goût.
Car soyons honnête : si j'en ai vu beaucoup d'adaptation, je n'ai jamais réussi à aimer réellement ses enquêtes. Quant au personnage que lui j'appréciais, je n'étais jamais vraiment convaincu. Trop sympathique dans les récents films, trop déjanté dans un vieux dont j'ai perdu le titre, trop ceci ou pas assez cela...
L'adaptation de Moffat (sans oublier Stephen Thompson et Mark Gatiss pour les scénarios) rend le personnage idéal à mon goût. Excessivement intelligent et parfaitement désagréable mais malgré tout attachant - on retrouve parfaitement ce qui a été la base du Docteur House mais avec presque moins d'humanité encore !
Les scenarii, donc, réussissent à mettre en valeur le personnage de Sherlock comme il se doit mais également de donner une âme aux personnages l'entourant, une présence crédible et réussie, de Mycroft à Watson en passant par Lestrade et madame Hudson - j'ai eu un temps d'adaptation pour Moriarty que je ne voyais pas comme ça mais j'en reparle plus loin.
Qui plus est, ces scenarii sont d'une intelligence remarquable ! Est-ce dû au fait que ce serait l'assemblage de plusieurs histoires ? Toujours est-il qu'on va de rebondissements en rebondissements dans une acuité intellectuel de rare qualité !
Des enquêtes palpitantes, captivantes et non dénuées d'humour, ce qui n'est pas rien. Si on avait eu l'art de combattre de Sherlock comme dans les films de Ritchie (qui sont une trouvaille superbe à mon goût), ç'aurait été parfait.
(et le fait que le Sherlock drogué le soit désormais à la cigarette mais heureusement, il se patche, c'est aussi une faute de goût mais ça n'enlève rien à la qualité exceptionnelle de la série).
Des histoires incroyables de finesse et de subtilité, donc, mais admirablement interprétées de surcroît !
Le casting n'a pas une faille ! Benedict Cumberbatch a la froideur et une étrangeté physique pour moi parfaite pour incarner ce personnage hors du commun qu'il sait rendre sympathique dans son antipathie ; le rôle de Watson semble taillé sur mesure Martin Freeman ; Mark Gatiss, outre écrire d'excellentes histoires est un Mycroft parfait... Les seconds rôles sont totalement crédibles et dans l'esprit total de la production Doylesque.
(d'ailleurs, dixit wikipedia qui est mon ami, "
Même les sociétés de vieux spécialistes ont approuvé" et ["u]The Sherlock Holmes Society of London[/u] indique dans sa critique de la série que «
c'était tout ce que [la société] attendait, et même plus encore !" C'est dire si c'est bien)
Le seul à ne pas m'avoir convaincu du premier coup a été Moriarty, présenté comme un trentenaire cocaïnomane et limite psychopathe. Mais la qualité de jeu d'Andrew Scott et ses variations fines le font adopter rapidement.
Reste à vanter les mérites de la réalisation.
Car si on y va à coup de téléphones portables, microscope électronique ou blog dans les histoires, le rendu à l'écran est nickel comme il faut !
Il y a bien sûr la qualité de la réalisation (et des décors !), des plans larges, ras le plancher, penché, ... qui varient et même en exergue les sentiments des personnages ou l'ambiance mais également l'utilisation de la modernité dans la série.
Les textos apparaissent à l'écran comme nombre de réflexions de Holmes, donnant l'impression véritable qu'on est dans sa tête !
Moffat n'a donc pas seulement dépoussiéré un mythe pour le rendre moderne avec succès, il est également parvenu à nous faire entrer dans la tête de Sherlock et dans l'esprit de Doyle !
Big chapeau !!