Le Cimetière Des Morts-Vivants (1965)

Au début du siècle, Albert Kovac, un jeune clerc de notaire se rend dans le château des Hauff et y rencontre le fantôme du maître des lieux assassiné. Tombé amoureux de sa fille, il décide de rester pour élucider le mystère, d'autant plus que tous les proches de Hauff trouvent la mort dans des conditions étranges...

S'il est bien un metteur en scène italien trop injustement oublié par les cinéphiles dans le genre du gothique italien c'est bien Massimo Pupillo. Trop souvent cité pour son plus gros succès commercial Vierges Pour Le Bourreau, l'homme n'en n'a pas moins réalisé toute une ribambelle de bons films comme Le Sexe, Cet Inconnu, Django, Le Taciturne ou La Vendetta Di Lady Morgan.
Parmi eux, Artus Films a eu la bonne idée de ressusciter Le Cimetière Des Morts-Vivants (Cinq Tombes Pour Un Médium) avec la belle Barbara Steele (égérie du gothique transalpin vue dans une foultitude de métrages dont La Sorcière Sanglante, L'Effroyable Secret Du Dr. Hichcock ou Le Masque Du Démon…).

Au début du siècle, Albert Kovac (Walter Brandi), un jeune clerc de notaire se rend dans un château pour rédiger le testament du médium Jeronimus Hauff. A son arrivée, il apprend que le maître des lieux a été assassiné une année auparavant et que son fantôme rôde dans les parages, bien décidé à se venger de son entourage. Tombé amoureux de Corinne (Mirella Maravidi), la fille du médium décédé, Albert décide de rester dans les lieux pour élucider ce mystère…

A première vue, rien ne semblait véritablement permettre au Cimetière Des Morts-Vivants de tirer son épingle du jeu avec son scénario intéressant issu de l'univers d'Edgar Allan Poe, mais qui reste cependant assez mince.
Mais au fil des minutes, on va vite se prendre au jeu et suivre avec intérêt l'enquête du jeune clerc dans sa découverte du château des Hauff et de ses habitants avec en filigrane une histoire d'amour entre notre héros et la belle Corinne, la fille de Jeronimus Hauff sous l'œil inquiétant de sa femme Cleo (Barbara Steele). Et mine de rien, Massimo Pupillo va insuffler énormément de dynamisme à l'ensemble en utilisant de bons cadrages (la scène de l'exhumation) alternés à des ambiances de poésie macabre (la fillette près de la fontaine). Une manière habile d'éviter la redondance…
Ceci étant, le réalisateur va contrebalancer tous ces accents oniriques par des passages d'horreur pure et des meurtres bien pensés.

Evidemment, on ne peut pas dire que Le Cimetière Des Morts-Vivants (d)étonne par son budget mirobolant. Non, le film de Massimo Pupillo possède peu de moyens financiers pour se placer au même niveau que des valeurs sûres du genre comme La Vierge De Nuremberg ou Le Corps Et Le Fouet, mais le metteur en scène et son équipe vont équilibrer l'ensemble en mettant l'accent sur une construction narrative bien ficelée qui va réussir un impressionnant grand écart entre l'horreur gothique à l'italienne (l'ambiance macabre de la peste moyenâgeuse) et le film policier (la recherche des mystérieux personnages ayant assisté à la mort de Jeronimus Hauff). Un véritable tour de force scénaristique dans la mesure où le spectateur ne s'ennuie pas une seule seconde.
Le Cimetière Des Morts-Vivants sera d'ailleurs ponctué de scènes fortes de façon à garder une ambiance malsaine toujours haletante. A ce titre, la bande-son joue pleinement son rôle et donne un côté stressant à l'enquête d'Albert en accentuant énormément les bruits de fond (les crissements, les cliquetis de chaînes…).
Et même, si le faible budget grève la montée en puissance du métrage (on ne verra jamais les morts-vivants…) et que les anachronismes sont légion (l'action se déroule en 1911, mais les costumes de Corinne et de Cleo Hauff semblent tout droit sortis du début du 19ème, alors que celui d'Albert est typique des 60's), certaines scènes sont d'une remarquable efficacité et permettent à la pellicule de Massimo Pupillo de gagner ses galons de film de genre (les ravages de la peste, les visages tuméfiés, les mains coupées…).

Au final, Le Cimetière Des Morts-Vivants s'avère être un bon p'tit bol d'air frais dans le gothique italien des 60's, grâce à son récit qui joue sur plusieurs tableaux (de l'horreur pure au policier en passant par le thriller) et ses mises en scène volontairement brutes de décoffrage.
De plus, les prestations de la délicieuse Barbara Steele et de Walter Brandi amènent à cette série B une belle plus-value qui arrive sans peine à gommer les défauts d'un petit budget et de quelques errances scénaristiques…
A (re)voir !