Acteurs : John Neville, Donald Houston, Anthony Quayle, John Fraser, Barbara Windsor, Judi Dench
SynopsisLorsque Sherlock Holmes apprend que deux prostituées ont été sauvagement assassinées dans le secteur de Whitechapel, et que les deux crimes présentent de nombreuses similitudes, sa curiosité le pousse à s'intéresser à l'affaire. Aussi n'hésite-il pas une seconde quand le gouvernement fait appel à lui. Son enquête l'entraîne sur plusieurs pistes, des bas-fonds aux quartiers les plus huppés de Londres…
Mon avisENGLISH HEROES…En cette année 1965, le cinéma horrifique anglais a le vent en poupe, notamment grâce à la forte impulsion de la
Hammer.
Il n’en fallait pas moins pour que les scénaristes
Donald Ford et
Derek Ford se décident à (re)mettre au goût du jour le flegme
so british du personnage culte d'
Arthur Conan Doyle, Sherlock Holmes, et de le confronter à un autre protagoniste mythique du cœur londonien : Jack L'Éventreur.
Et même, si cette aventure du célèbre détective n’est pas issue d’un roman de son créateur, le scénario de
Sherlock Holmes Contre Jack l'Éventreur est néanmoins inspiré d'une histoire écrite par
Adrian Conan Doyle (le propre fils d'
Arthur Conan Doyle), qu’on retrouve ici en tant que co-producteur via sa société
Sir Nigel Films…
Un moyen comme un autre de s’enticher de l’étiquette
"Conan Doyle" sur ce film de
James Hill (
Chapeau Melon Et Bottes De Cuir).
Bref, passons…Londres 1888, au coeur des bas-fonds de Londres, tandis que les prostitués succombent une à une dans les griffes de Jack l'éventreur, le Gouvernement impuissant fait appel à Sherlock Holmes pour stopper l'hémorragie. Pour le plus fin limier du royaume d'Angleterre et son éternel acolyte, le docteur Watson la partie s'annonce plus que difficile...
DE LA REALITE AU REALISMED'entrée de jeu,
Sherlock Holmes Contre Jack l'Éventreur (d)étonne par sa capacité à retranscrire à merveille le faste de l'époque victorienne (tant sur les décors, les costumes ou les us et coutumes…) et les bas-fonds d'un Londres alors en pleine expansion. Mine de rien, ce soin tout particulier apporté aux détails, permet au spectateur de se plonger rapidement dans les ambiances du métrage de
James Hill, tourné pour l'occasion dans les studios londoniens de Shepperton et Osterley House et ce, dans le but de rester dans un univers typiquement anglais.
Dans la même optique, et afin de respecter au mieux la réalité des meurtres de l'insaisissable serial killer, le scénario va s'attacher à coller aux véritables éléments factuels de l'affaire Jack L'Éventreur de 1888 (le nom des victimes et le
modus operandi du tueur sont scrupuleusement respectés), avec cependant quelques libertés ici et là, de façon à donner du rythme et du suspense à l'ensemble.
Bref, malgré une utilisation un peu abusive et opportune du nom de
"Conan Doyle" sur le film, l'équipe de
James Hill contrebalance aisément cette petite entourloupe commerciale, en rehaussant son récit au travers d'un travail minutieux de recherche sur la vie, les mœurs et les affaires criminelles qui ont bousculé la capitale victorienne de la fin du 19ème siècle… et ça marche plutôt bien, avouons-le !
Il faut dire aussi que le casting n’est pas en reste et se tient à la hauteur de la finesse du scénario. Ainsi, le quatuor d’acteurs composé par
John Neville (
Les Aventures Du Baron De Münchhausen),
Donald Houston,
Anthony Quayle et
John Fraser (
Les Canons De Navarone,
Lawrence d’Arabie…) est tout simplement irréprochable.
Neville y joue un Sherlock Holmes au flegme typiquement anglais et reste toujours très juste dans son interprétation. Même, si l’homme met sa personnalité sur le mythique rejeton d’
Arthur Conan Doyle (on le verra pour la première fois se battre), il ne le dénature pas pour autant.
Et ça, c’est un tour de force, quand on sait que la marge de manœuvre dans la composition laissée à
John Neville était aussi étroite qu’une minuscule ruelle de Montcuq…
ELEMENTAIRE, MON CHER WATSON !De son côté, le réalisateur
James Hill, issu de la télévision, nous sert une mise en scène très (trop ?) classique, mais qui paradoxalement, colle bien à l’esprit britannique qui plane au-dessus de la série. C’est d’ailleurs le côté "élémentaire" de la réalisation qui va mettre en relief à l’enquête palpitante de Sherlock Holmes face au mystérieux Jack L'Éventreur, avec en filigranes une fine (re)lecture des travers de la société victorienne, de l'élite de la nation à la lie…
Les différents ressorts et trames du scénario prennent donc tout leur sens grâce à la rigueur d'un
James Hill qui ne sortira jamais du cadre qu'il s'est lui-même imposé. On sent que l'homme s'est totalement mis au service de l'histoire, et loin de sacrifier le fond au profit de la forme, il se contente de mettre en lumière le jeu parfait de ses acteurs.
Prenez-en de la graine, les jeunes !Ajoutez à tout ça, une gestion de lumière bien maîtrisée (avec une influence bien marquée de la
Hammer) et vous obtenez un film magnifiquement ambiancé et racé qui ne manquera pas de ravir les fans de Sherlock Holmes et plus généralement de thrillers horrifiques.
En somme, malgré ses quarante-huit ans au compteur,
Sherlock Holmes Contre Jack L'Éventreur s’avère être une bonne petite série B bien ficelée, hautement accrocheuse et portée par des acteurs qui collent parfaitement aux personnages sortis de l’imaginaire de la famille
Conan Doyle.
Deux ans plus tard, ce film sera d’ailleurs adapté en roman par
Ellery Queen et connaîtra un joli petit succès d'estime… qui est toujours aussi vivace de nos jours !
La preuve en est que Sherlock Holmes et Jack L'Éventreur n'ont pas fini de fasciner le public…