Lost Destination (titre original,
Verbo) est le nouveau projet des producteurs du
Labyrinthe de Pan (
Guillermo Del Toro en 2007) et de
L'Orphelinat (
Juan-Antonio Bayona, 2008). Bien que ces trois films n'ont pas beaucoup de choses en commun, on retrouve tout de même la thématique récurrente de l'opposition entre deux mondes, le réaliste et le décevant face à la liberté du monde imaginaire. On retrouve aussi le même type d'héroïne : une femme seule, incomprise, cherchant des réponses à ses questions, qu'elle ne peut trouver qu'en s'abandonnant par un moyen ou un autre dans un monde inconnu.
Tout d'abord, malgré la multitude d'effets visuels, notamment en ce qui concerne les décors, la mise en scène ne joue jamais la carte du
"en mettre plein la vue".
Eduardo Chapero-Jackson nous dépeint le monde de Sara à travers un point de vue posé, voire même minimaliste. Les séquences regorgent de lignes de forces, dont la plupart séparent le cadre en deux, afin d'accentuer l'effet d’opposition entre les deux univers. Le metteur en scène a d'ailleurs été nommé au Goya 2012 (l'équivalent espagnol des Césars) dans la catégorie du
meilleur nouveau réalisateur.
Le scénario est plutôt bien ficelé. La montée de la tension est peut-être parfois trop longue et le rythme est cassé par quelques séquences le long du métrage. Mais ces passages sont tout de même importants.
En effet, le film mise plus sur une contemplation plutôt que sur une simple suite d'actions visant à divertir.
Lost Destination est bien plus profond que ça !
Le métrage développe la problématique suivante : l'expression, la communication, façonne-t-elle notre propre monde ? Et celui des autres ? Sara est une jeune fille qui ne comprend pas l'univers qui l'entoure, qui ne comprend pas les règles imposées par le système (ses parents, les professeurs...).
Finalement le film est le voyage initiatique de Sara en métaphore filée. Peut-être est-ce là où certains spectateurs décrocheront ! Le film rajoute en effet métaphore sur métaphore, jusqu'à la dernière minute, mais ne tombe jamais dans le trop "intello". Les nombreuses punchlines philosophiques peuvent aussi dérouter certains cinéphiles.
Ensuite, le film repose sur l'excellente performance d'
Alba Garcia (Sara), qui a d'ailleurs décroché une nomination aux Goya 2012 en tant que
meilleure nouvelle actrice. Le reste du casting fait son boulot, mais aucune performance ne sort vraiment du lot, exceptée peut-être celle la mère de Sara.
En somme,
Lost Destination est un bon film sur l'identité et le besoin de se faire entendre. Il y a plein de bonnes intentions et l'ensemble fait preuve d'originalité. Le métrage a tout de même peut-être trop tendance à se perdre dans ses propres réflexions...