Psychose avait ouvert la voie: cosy ou crasseux, les motels peuvent être des endroits peu fréquentables dans lesquels on peut croiser toutes sortes de monstres, des vampires de Bigelow ou de Carpenter, aux tueurs fous de Rob Zombie... L'excellent Motel de Nimrod Antal avait même fini par en faire un genre en soi avec ses snuffeurs sadiques et son suspense fou...
Terror trap, loin d'égaler son illustre modèle, s'inscrit directement dans ce sous genre et aurait très bien pu s'intituler Motel 3, il n'aurait d'ailleurs pas fait honte à la franchise car il est un film à tout petit budget mais à l'indéniable honnêteté.
Le générique laisse pourtant imaginer le pire et la couleur est d'emblée rouge sang, et annonce un torture flick ultra gore comme je les déteste copieusement et qui sont tellement en vogue ces dernières années.
Rassurez vous il n'en sera rien: aucune torture réellement visible à l'écran, aucune complaisance dans la mise en scène des meurtres et au final une bande très peu sanglante. Le réalisateur ne tombant jamais dans le piège de contempler et jouir de ce qu'il prétend dénoncer préfère installer un suspense de série B classique, au démarrage très lent mais angoissant et quand l'action se déchaine, il préfère filmer longuement les clients qui se paluchent et se lèchent les babines devant les vidéos et derrière les miroirs sans tain plutôt que de tomber dans l'horreur pure du snuff annoncé. Il tend ainsi un miroir dérangeant au spectateur en flattant jamais ses plus bas instinct. Cette démarche à contre courant de la vague actuel est à saluer franchement et le propos du film est sans ambiguïté de ce point de vue.
Comme le déclare Michael Madsen à un moment "Les gens ont toujours payé pour voir des gladiateurs s'entretuer dans l'arène et pour voir le sang et les tripes". Tous les tueurs du films resteront masqués tels les gladiateurs dont il parle et seuls les "organisateurs" de ces "snuff parties" montreront leurs vrais visages.
Pour tout cela, Terror trap est une série B vraiment estimable et assez réussie...
Le seul gros bémol tient au casting qui semble rabaisser constamment le film et la faute en revient notamment à un Michael Madsen qui se contente vraiment du minimum syndical, visiblement là à titre purement alimentaire et montrant un vrai mépris de ses partenaires, du film et du spectateur, au passage. Il ne donne le change que lors d'une courte scène avec Jeff Fahey, ce qui est bien peu. Mais bon, ma bonne dame, si vous saviez ce que coutent 10 grammes de coke ou une coloration chez un coiffeur pour star sur le déclin à L.A...
Il devient en tous cas vraiment un acteur minable et à la démarche "artistique" de plus en plus détestable.
Le couple qui sert de héros au film fait de son mieux mais ils sont visiblement limités et elle aurait davantage sa place dans Santa Barbara tandis que lui ne ferait pas tâche dans Queer as folk...
Le seul à relever le niveau de l'interprétation est le génial Jeff Fahey, dans un rôle certes plus important et intéressant, mais auquel il donne surtout une épaisseur et une folie contrôlée épatante.
Il sauve à lui seul le film du naufrage et de l'ennui et le réalisateur Dan Garcia peut le remercier. On peut d'ailleurs s'intérroger sur la validité des raisons commerciales mettant Madsen au premier plan et reléguant Fahey à l'arrière plan sur l'affiche US... Justice ne lui est pas rendue...
Mais la citation biblique apposée par Dan Garcia en exergue au film s'adresse peut-être directement à lui, qui sait ?!
"Sept fois le juste tombe et se relève
mais le méchant dans le malheur trébuche"