Zontar, La Chose De Vénus (1966)

Des scientifiques dupés font venir un alien sur Terre depuis la planète Vénus. La créature, nommée Zontar, leur promet d'œuvrer pour le bien de l'Humanité, mais rapidement elle s'avère être dangereuse, en contrôlant psychiquement les personnalités de haut rang…

En 1956, Roger Corman signait son It Conquered The World (avec Peter Graves et Lee Van Cleef), un métrage qui pris malgré lui le statut de film culte, tant la nanardise de son monstre de l'espace dépassait alors l'entendement des cinéphiles les plus aguerris…
Contre toute attente, 10 ans plus tard, le réalisateur Larry Buchanan (Mars Needs Women) prend l'initiative de faire un remake de la pellicule de Roger Corman pour une adaptation télévisuelle, "sobrement" intitulé pour l'occasion Zontar, La Chose De Vénus (Zontar, The Thing From Venus).

Dans les années 60, le Dr. Curt Taylor (John Agar), un scientifique de renom qui étudie les phénomènes spatiaux entre en contact avec un alien de la planète Vénus, du nom de Zontar. L'extra-terrestre se propose de venir sur Terre pour aider l'Humanité à faire face à ses problèmes et rétablir la paix dans le monde. Mais la créature a d'autres idées en tête, et cherche à conquérir secrètement la Terre grâce à ses pouvoirs, et avec l'aide de Curt Taylor, qui est loin de se douter des véritables intentions du monstre…

Même si It Conquered The World possède indéniablement ce charme typique de la SF des 50's avec toutes ses maladresses et ses errances scénaristiques qui nous font maintenant sourire, il faut bien avouer que la perspective de se mettre un remake du film sous la dent était alléchante, tant la bobine de Roger Corman laissait à désirer et ce, malgré une histoire plutôt bien trouvée. Malheureusement, Zontar, La Chose De Vénus ne va pas se montrer à la hauteur (de la cheville) de son modèle.
En effet, Larry Buchanan ne va pas être aidé par un budget confortable pour mener à bien son film (seulement 22 000 dollars), et cela va se ressentir dans le rendu de la pellicule, notamment avec un Zontar en carton pâte assez mal fait (c'est pour ça que le "monstre" n'apparaîtra que furtivement dans les dernières minutes métrage).

Et pour compenser le manque de moyens flagrant, le metteur en scène donnera ses pouvoirs de télépathie à Zontar de façon à lui donner la possibilité de diriger à distance les êtres humains dont il a pris l'ascendant. Une manière de provoquer "la terreur" sans débourser un kopek en effets spéciaux inutiles et en retardant au maximum l'arrivée de la diabolique créature ! On a vu mieux comme cache-misère…
Qui plus est, l'homme sera souvent contraint d'utiliser de nombreux stock-shots aux qualités fluctuantes pour les scènes en extérieur (le décollage des fusées…) et d'utiliser une caméra 16mm basique pour mettre en boîte l'ensemble.
De ce fait, Zontar, La Chose De Vénus va vite prendre la forme d'un film bancal aussi bien d'un point de vue formel avec un visuel très râpeux, mais aussi d'un point de vue plus intrinsèque, dans la mesure où le réalisateur va péniblement essayer de mixer le scénario original d'It Conquered The World de Lou Rusof avec celui du Jour Où La Terre S'Arrêta de Robert Wise (1951). Bref, un difficile numéro d'équilibriste franchement pas réussi…

Difficile donc de s'y retrouver dans un tel mælstrom artistique, agencé à la sauce visuelle des 60's (couleurs criardes, lumières saturées, musique psychédélique…) !
Pire encore : Zontar, La Chose De Vénus ne parviendra pas à retrouver l'esprit de la SF de l'âge d'or des 50's que retranscrivait si bien It Conquered The World de Corman, et se perdra même dans un parallèle scabreux et peu finaud entre l'invasion extra-terrestre et les méfaits du communisme. Bas du front ? Vous avez dit bas du front…?