Le Continent Perdu (
The Lost Continent)Réalisé par Samuel Newfield
Avec César Romero, Chick Chandler, John Hoyt, Hugh Beaumont, Sid Melton
Etats-Unis
1951 (1h23)
SynopsisLe Major Joe Nolan mène une expédition dans le Pacifique sud afin de retrouver un missile atomique égaré. L'équipe est victime d'un accident d’avion et se retrouve sur une île mystérieuse qui semble être peuplée d’animaux préhistoriques...
Mon avisEn 1912, Sir Arthur Conan Doyle rencontre un énorme succès avec son roman,
Le Monde Perdu, dans lequel une expédition de scientifiques se retrouve perdue au beau milieu d’un plateau amazonien encore peuplé de dinosaures.
Des décennies plus tard,
Le Monde Perdu fait encore école puisqu'il y aura notamment de nombreux shows TV et radio partout dans le monde à ce sujet (dont un sur la BBC, en 1949).
C’est dans ce contexte-là que le stakhanoviste Samuel Newfield (environ 300 films au compteur) tourne en seulement 11 jours, sa propre version officieuse et remaniée du roman Sir Arthur Conan Doyle, intitulée
Le Continent Perdu.
En voici l'intrigue : le Major Joe Nolan (Cesar Romero) est appelé à diriger une équipe qui doit partir récupérer la boîte noire d'un missile tombé dans le Pacifique et ce, avant qu'un autre pays ne le trouve et s'empare des secrets de sa technologie (la fusée n’est qu’un stock-shot de
Rocketship X-M de tourné un an auparavant). L'avion qui transporte sa petite troupe tombe subitement en panne et atterrit en catastrophe sur une petite île du pacifique, sur laquelle le missile semble lui aussi se trouver. Mais le lieu est aussi habité par des animaux préhistoriques, de véritables dinosaures…
Pour mettre sur pied son projet cinématographique, Samuel Newfield va faire appel à des vieux briscards de la SF ricaine en s’adjoignant les services de Cesar Romero (
The Jungle), John Hoyt (
Attack Of The Puppet People), Hugh Beaumont (
The Mole People), White Bissell (
The Time Machine), Sid Melton (
Captain Midnight) et Chick Chandler (
Blondie's Reward). Bref, une belle brochette d’acteurs rôdés à l’exercice du film de genre, et soucieux de tenir la dragée haute à la nouvelle génération de comédiens…
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce choix va s’avérer très judicieux et loin d’être aussi
has been qu’il n’y paraît, vu qu’un duo va se détacher du lot avec la paire Cesar Romero / Chick Chandler qui va tenir quasiment tout le film sur ses larges épaules, tant on sent que le feeling entre les deux acteurs est à l’image de la complicité entre leurs personnages.
Avec cette équipée exclusivement masculine,
Le Continent Perdu prend vite la forme d’un film d’aventure à grand spectacle avec toujours en trame de fond, le spectre de la Guerre Froide (le personnage de Rostov en tête) contrebalancé par les accents "comiques" du
side kick Sid Melton…
Malheureusement, force est de constater qu’il ne se passe pas grand-chose dans la recherche du missile et que le film s’étire en longueur en alternant les scènes d’escalade et de marche dans la jungle, entrecoupées par les pauses clopes du petit groupe.
Il faudra attendre une bonne grosse heure pour que l’équipe arrive en fin au sommet de la montagne, dans une végétation luxuriante, dans un endroit oublié par le temps.
A partir de là, on va passer du noir et blanc à une teinte verte, sensée représentée l’atmosphère pure de ce monde perdu. Une manière de nous sortir de notre torpeur afin de préparer l’arrivée des dinosaures et de donner un petit cachet supplémentaire à l'ensemble.
Au programme, nous aurons droit à un brontosaure, des tricératops, un lézard géant et un ptérodactyle, tous venus en découdre avec la bande de Joe Nolan, tout en nous faisant découvrir une faune sauvage et dangereuse (le combat des triceratops).
Avec une animation image par image signée Edward Nassour, qui prend ici modèle sur les travaux de Willis O'Brien et Ray Harryhausen,
Le Continent Perdu possède son lot de scènes d’actions (l’attaque du brontosaure) et rempli en ce sens, le cahier des charges demandé par la production.
Ouvertement basé sur l’aventure avec son casting 100 % masculin, le film terminera en apothéose avec l’explosion d’un volcan et un immense tremblement de terre qui fera disparaître toute l’île. Contre toute attente, ces différents plans seront extrêmement bien travaillés et clôtureront de main de maître cette pellicule, qui aura pourtant eu du mal à décoller !
A sa sortie, le long métrage de Samuel Newfield reçut un accueil plutôt bon de la part du public et des critiques, si bien que le producteur Sigmund Neufeld a pensé tourner plusieurs suites au film, en mettant en avant la révélation du duo formé par Cesar Romero et Chick Chandler. Malheureusement, ces séquelles ne verront jamais le jour à cause de l’emploi du temps chargé des deux acteurs. On retrouvera cependant Romero dans de nombreux longs métrages comme
Ocean Eleven avec Franck Sinatra ou bien à la TV dans les séries
Batman (Joker) et
Zorro (l’oncle de Don Diego)…
En définitive, même s’il est clair que
Le Continent Perdu souffre de très nombreuses longueurs et que l’apparition des monstres préhistoriques n’est pas toujours à la hauteur des attentes du spectateur (il n’y aura pas de tyrannosaure comme le laissait entrevoir l’affiche du film...), il faut bien avouer que l’ensemble possède un charme si désuet, qu’il est difficile de ne pas apprécier ces scènes d’animations image par image des dinosaures, tellement elles sont pétries de bonnes intentions.
C’est sûr, les bonnes intentions ne font pas forcément que des bons films, mais
Le Continent Perdu garde un excellent capital sympathie, et c'est bien là l'essentiel, non ?