SynopsisL'éditeur Daniel Parks a choisi un château en apparence abandonné pour réaliser les photos qui orneront les couvertures des livres d'horreur écrits par son ami Nick. Il ignore que les lieux furent jadis le théâtre de meurtres horribles perpétrés par un assassin sadique surnommé "le bourreau sanguinaire" et dont la dépouille repose dans les souterrains...
Mon avisVers le milieu des 60's, l'âge d'or du cinéma gothique italien est en plein déclin et sa lente agonie donne des ailes à la jeune garde des réalisateurs, qui va en profiter pour donner un grand coup de pied dans la fourmilière, même si l'apport des modèles du genre comme
La Vierge De Nuremberg ou bien
Le Corps Et Le Fouet reste très ancré dans la culture de nos voisins italiens.
C'est dans ce contexte-là, que le jeune
Massimo Pupillo signe en 1965
Des Vierges Pour Le Bourreau (
Il Boia Scarlatto), quelques mois après le sympathique
Le Cimetière Des Morts-Vivants (
5 Tombe Per Un Medium) avec une seule idée en tête : casser les codes du genre gothique et les resservir dans un univers pop, typiquement 60's.
Pour ce faire, l'homme va s'appuyer sur un scénario de
Romano Migliorini et
Roberto Natale qui va mettre en opposition frontale ces deux univers : une troupe d'artistes "modernes" investissent un château à l'allure gothique pour réaliser des photos horrifico-érotiques… tout un symbole !
D'entrée de jeu, le cinéaste va s'inspirer de l'air ambiant des 60's dans le visuel de son film et nous offrir des couleurs saturées et criardes qui nous rappellent les ambiances décalées et flashy de
Chapeau Melon Et Bottes De Cuir de la fin des sixties. Et
Pupillo va mélanger le tout avec une nonchalance certaine, quitte à perdre le spectateur
(et se perdre lui-même) dans une démarche narrative qui part dans tous les sens où se mêlent érotisme soft et épouvante…
Evidemment, on ne peut pas dire que
Des Vierges Pour Le Bourreau terrifie le spectateur d'aujourd'hui (ni même celui d'hier), mais force est de constater que derrière toute cette déconstruction / construction artistique souvent maladroite, le film se révèle être le témoin de la fin d'une époque (l'âge d'or du gothique italien) et des balbutiements d'une autre (le giallo). A ce titre,
Des Vierges Pour Le Bourreau va concentrer sur lui, la recherche d'identité du cinéma transalpin d'alors, et se placer dans une approche totalement anarchique et jusqu'au boutiste…
Ainsi, en plus du fond de l'intrigue, la forme narrative du récit, les cadrages ou bien le choix de la photographie témoignent d'une envie de renouveau et de dépassements des frontières des différents genres (horreur, érotisme, comédie… et on y trouve même les bases du torture porn !). On sent que la pellicule de
Massimo Pupillo s'inscrit parfaitement dans cette soif de liberté artistique à la limite de l'expérimental, aussi biscornue et mal canalisée soit-elle…
En effet, même si on ne sait pas trop sur quel pied danser, le réalisateur nous propose ici un métrage totalement hors du temps (aussi bien dans le fond que dans la forme), mais qui reste cependant agréable, dès lors qu'on se place dans le contexte de l'époque.
En définitive, au-delà de sa qualité intrinsèque plus que moyenne,
Des Vierges Pour Le Bourreau s’avère être un film assez intéressant, car il se place comme un véritable chaînon manquant entre l’univers gothique italien et le giallo à la sauce sixties… un peu comme le film
Mon Nom Est Personne de
Sergio Leone qui se posait lui, comme le passage du western classique US vers le western spaghetti.
Une manière de boucler la boucle ? Pas si sûr…