Le voici, il arrive aujourd’hui. Avec son lot de bonus classiques : scènes coupées, fin alternative, commentaires et autres bêtisiers.
Oui, ça y est: aujourd’hui vous allez pouvoir compléter votre collection vidéo Scream avec ce 4ème opus. Et pour tout fan de film d’horreur qui se respecte, ce n’est pas rien.
Cette collection, personnellement, je l’ai commencée avec la VHS de Scream en 1997 (en V.O s’il vous plait), pour la continuer en DVD avec le 2 et le 3, respectivement en 1999 et 2000. Le temps passe, les supports vidéo changent, voila le dernier chapitre qui arrive en blu-ray auhjourd’hui. Et je n’ai plus 18, mais 33 ans.
La série des Scream, c’est une madeleine de Proust cinéphilique pour ceux qui, comme moi, étaient ados dans les années 90. Une madeleine aiguisée et bien sanglante, qui coule en taches rouges sur les frissons de votre mémoire de spectateur adolescent.
« Hello Sidneeey ! »Si vous avez passé les 15 dernières années en Sibérie en compagnie d’un ours, je vous résume l’intrigue :
Sidney « j’ai pas d’bol » Prescott, lycéenne moyenne d’une petite ville moyenne des États-Unis voit ses amis décimés par un mystérieux tueur, qui semble avoir un faible pour les films d’horreur (« Do you like scary moviiiiies ? »).
Elle est entourée de quelques fans cinéphiles du genre (auxquels on s’identifie forcément, si on a vus les classiques souvent cités), et apparaissent donc alors de nombreuses théories. Qui meurt en premier dans les slasher movies, qui a une chance de s’en sortir, les phrases à éviter et autres règles immuables de ces films.
Pour résumer : si vous êtes une jeune femme sexy, avec une grosse poitrine, que vous n’êtes plus vierge et que vous allez à une fête le soir chez des potes, évitez de vous saouler ou de dire « Je reviens tout de suite », cela réduirait grandement votre espérance de vie… Surtout si pour fuir, vous montez à l’étage comme une gourde plutôt que de choisir la porte d’entrée.
Aidée de son ami policier Dewey, et de l’intrusive journaliste Gale Weathers, Sidney tentent inlassablement d’échapper, film après film, à celui que l’histoire du cinéma retiendra comme Ghostface.
Costume de tueur pour psychopathe cinéphile :Wes Craven ayant beaucoup officié avec talent dans le genre, il sera pour cette saga servi par les astucieux scénarii de Kevin Williamson (auteur entre autre du très bon scénario de « The Faculty »). Cette fine équipe va donner naissance à des bijoux de méta film, des films qui parle des films.
Wes Craven avait déjà effectué un traitement semblable avec le chapitre final des Freddy, Freddy sort de la nuit, réalisé un an avant Scream.
Dans ce film, l’actrice original du premier film incarne son propre rôle, celui de l’actrice du premier Freddy qui donc a vieilli. Wes Craven, qui y joue aussi son propre rôle, la contacte pour faire un remake du premier Freddy. Il contacte aussi Robert Englund,( l’acteur qui incarne Freddy), afin de le convaincre de reprendre le rôle de Freddy. C’est alors que Freddy (le vrai) sort du film, et sème la mort, prenant possession du film… Ca va? Pas trop mal à la tête ? Si ? C’est normal.
Avec la série des Scream, Wes Craven va remettre le couvert dans le méta film, et redonner avec malice un second souffle au genre, en le faisant basculer dans l’auto-analyse. Il nous montre des personnages cinéphiles qui décortiquent les codes de l’horreur, dans un film qui applique ces dits codes à la lettre.
Il nous prouve de cette manière que même si on connaît les règles en tant que spectateur, elles sont toujours aussi efficaces et foutent toujours les chocottes.
Évidemment, si les meurtres peuvent être précédés d’une petite citation tirée de Psychose, Carrie, ou autres classiques, c’est un petit plaisir dont les tueurs ne se privent pas. Cerise sur le gâteau sanglant, le massacre de nos jeunes fans de ciné d’horreur de Woodsboro inspire Hollywood.
Dans les suites de Scream, on apprend le lancement de la série de films STAB, basée sur les meurtres du film. La franchise STAB évoluera donc à travers les Scream, avec un opus de retard…
Ainsi dans la scène d’ouverture de Scream 2, On voit des jeunes fan d’horreur, comme nous, dans un cinéma, comme nous, en train de regarder l’équivalent de Scream mais leur film à eux s’appelle STAB. Et on leur a même fournit le costume de Ghostface.
Mais qu’il est fort ce Kevin Williamson !
Toujours plus malin, le scénariste est conscient que ce qui caractérise un slasher est son masque : Jason (Vendredi 13), Michael Myers(Halloween), Leatherface (Massacre à la tronçonneuse), Jigsaw (Saw), etc… Par conséquent, pourquoi ne pas changer les personnes qui sont dessous ? Ou même multiplier les tueurs ? Ceci permet un nombre infini de tueurs possibles, donc d’intrigues et de rebondissements. Bref, un parc d’attraction pour scénariste.
Dans le film, on apprend rapidement que n’importe qui peut acheter ce costume. N’importe quelle personne devient donc un suspect potentiel (comme le dit Randy dans Scream 1 « Tout le monde est suspect ! »). Le casting aux psychopathes est ouvert.
Deux tueurs dans Scream, deux aussi dans Scream 2, mais un seul dans Scream 3, et pour le quatrième… On ne dira rien, pas de spoiler si vous ne l’avez pas encore vu !
Scream 4 , si tu ne me poke pas, je te twitte et j’te bute :Première question que je me suis posé en tant que fan : ce quatrième volet des mésaventures de Sidney Prescott sera-t-il à la hauteur des 3 précédents ? Ben oui, retoucher à LA trilogie d’horreur des années 90, il y a de quoi faire paniquer plus d’un fanboy.
On est tout de même rassurés par le fait que comme pour les 3 premiers, les frères Weinstein produisent, Williamson écrit, et Wes Craven réalise. On ne change pas une équipe qui gagne. Premier bon point.
Pour la suite, pas le choix il faut faire face à sa peur au risque de pleurer, comme devant le navrant Indiana Jones 4.
Le film commence.
On entend la sonnerie de téléphone si familière. Faux numéro…Deux filles devisent sur les films d’horreurs : la franchise Saw en prend pour son grade, et puis le téléphone re-sonne. La voix de notre psycho préféré se fait entendre. Elle n’a pas changé, autre bon point.
Le suspens monte, et évidemment nos deux blondes de scène d’ouverture y passe rapidement, tuées par deux Ghostfaces distincts. Curieux de dévoiler dès le début qu’il y en a deux, alors que c’était le clou du premier Scream…
Un cri, et le logo du film s’affiche : STAB 6 !
Ça fait sourire de s’être fait avoir et de voir 2 nouvelles spectatrices se moquer cette fois de la franchise Stab (et donc implicitement de celle de Scream ) .Ce « filon post modern de méta film conscient de lui même usé jusqu’à la corde, avec une scène d’ouverture débile où une gourde se fait irrémédiablement tuer. Tellement pathétique, il serait temps de passer à autre chose. »
Très malin de nous tacler avant même qu’on puisse se faire la même réflexion que ces deux nanas, en se disant à notre tour que « c’est bon le concept de Scream, on connaît, servez nous un truc nouveau ».
Puis passé(es) cette (ces) scène(s) d’ouverture(s) jouissive(s), on revient à Woodsboro.
Aaaah cette bonne vieille fontaine du centre ville de Woodsboro…
Onze ans… Onze ans qu’on avait quitté cette ville. Et qu’est ce que ça fait du bien d’y retourner !
Ce serait comme avoir le droit de revenir dans son lycée, et visiter ces anciennes classes, lors d’une réunion d’anciens élèves. Bon d’accord, à Woodsboro, la plupart des élèves qu’on a connus sont mort assez violemment peu de temps après qu’on les ai rencontré, mais il n’empêche. Ce petit centre ville, ces maisons en briques. Et puis retrouver Dewey et Sidney, c’est comme revoir des vieux potes. Bref, ça fait plaisir.
Dommage cependant que Courtney Cox, en 10 ans de chirurgie esthétique, soit devenue le sosie officiel de Donald Duck (non mais c’est quoi cette bouche ?) ; ça, c’est le petit coup de vieux qui fait moins plaisir.
Onze ans ont passés donc, et les choses ont changé : Sidney a écrit un livre sur son combat contre la dépression, Dewey est devenu Sheriff de la ville, et Gale a cessé d’écrire, engluée dans la tranquillité de cette petite ville.
Vous l’aurez compris, la petite ville ne va pas rester tranquille encore très longtemps.
Autres temps, autres jeunes aussi. Là où nos jeunes des années 90 étaient souvent avec leur portables à l’ancienne, cette génération est équipée de Smartphones, connectés à Facebook et Twitter en permanence, ils communiquent instantanément entre eux.
C’est personnellement ce que j’ai trouvé de plus intéressant dans le film.
Scream 4 s’adresse à une nouvelle génération de fans d’horreurs, ceux qui sont nés avec Internet, et pensent que Saw est un classique. Wes Craven n’entend pas caresser la nouvelle génération dans le sens du poil, et les Facebookeux, Twitteux, et autres smartphones addicts, s’en prennent cher dans les gencives. Jubilatoire.
De la même manière, l’énumération étourdissante de tous les films d’horreurs qui ont fait l’objet de reboot ces dernières années, est là pour bien rappeler à cette génération qu’on leur sert du réchauffé et qu’ils seraient bien inspirés de voir les originaux.
Comme illustration, prenez le cas du cinéphile du bahut. Ici joué par Erik Knudsen (vu dans Saw 2) il est l’alter ego de Randy dans les 3 premiers Scream. Adieu le côté sarcastique, cependant on est dans le narcissique.
Le fanboy new gen a une caméra streaming vissée au crâne, qui diffuse en direct sur son blog tout ce qu’il filme, dans le but ultime d’être connu.
Nouvelle génération, nouveaux joujous. (La ressemblance vestimentaire est bien entendu complètement fortuite)
Une pléiade d’autres clins d’œil aux 3 films précédents de ce genre se retrouve dans Scream 4.
La fenêtre laissée entrouverte avec l’ex boyfriend qui s’y faufile; le coup de la porte du garage qui coince une fille; les cameras déposées dans des coins par Gale Weathers, avec leur fameux temps de latence.
On se prend finalement à suspecter tous les persos qui nous rappellent ceux d’avant… Autant de soupçons qui sont des fausses pistes, sans en être.
Kevin Williamson et Wes Craven jouent à merveille avec nos attentes, qu’ils anticipent et déjouent avec brio, tout en inscrivant parfaitement cette suite dans la nouvelle génération tout mobile, dont l’unique but est de devenir connue (vous avez dit télé réalité ?).
Un petit bijou de quatrième opus, qui égale sans peine les 2 premiers et dépasse même le troisième.
Scream 4, ça sort auhjourd’hui en Blu ray et Dvd, so…« Do you like scary movies ? »
Si oui, revenez à Woodsboro… L’horreur y est de retour et c’est un régal !
QuentinD
http://leschroniquesducanapeintergalactique.wordpress.com