Réalisé par Curt Siodmak et Herbert L. Strock
SynopsisDeux agents du bureau des enquêtes scientifiques partent à la recherche d'un élément hautement radioactif dont ils ont toutes les raisons de croire qu'il se trouve à Los Angeles. S'en suit une enquête peu ordinaire…
Mon avis1953. La Guerre Froide fait peur. La menace atomique fait peur. Les radiations font peur. L'occasion est donc idéale pour le cinéma de SF américain d'exorciser les peurs de la population via le cinéma. Parmi les producteurs qui surfent sur cette vague d'angoisse, un jeune loup aux dents longues, Ivan Tors, va frapper un grand coup en faisant appel au réalisateur Herbert L. Strock pour mettre sur pied
Le Monstre Magnétique sur un scénario de l'écrivain Curt Siodmak (
Le Retour De l'Homme Invisible).
Un élément inconnu se transforme en un métal instable lorsqu'il est traité avec des particules Alpha, consommant une grande quantité d'énergie, doublant de taille toutes les onze heures et tuant des personnes à coup de fortes doses de radiations mortelles. Deux scientifiques du Bureau d'Enquête Scientifique isolent l'élément et sont obligés de le nourrir d'énergie lorsqu'il a faim afin d'éviter son implosion. Tandis que la particule grossit, sa menace pour la Terre devient de plus en plus claire et les scientifiques élaborent l'hypothèse que la suralimentation pourrait le détruire. La particule est alors transportée vers un générateur expérimental…
D'entrée de jeu,
Le Monstre Magnétique va poser les bases de ce qui sera son histoire : une véritable enquête policière et scientifique pour comprendre les enjeux liés à ce mystérieux métal et rechercher sa source afin de la confiner. La démarche est donc assez loin des standards de l'
entertainment du genre pour ne se concentrer que sur l'essentiel : l'enquête.
Evidemment, on se doute bien que ce choix scénaristique assez audacieux est d'abord motivé par le maigre budget accordé à ce projet cinématographique, mais force est de constater que l'ensemble tient plutôt bien la route et ce, malgré un changement de réalisateur en plein milieu du film.
En effet, la talentueux Herbert L. Strock sera évincé par le producteur Ivan Tors pour d'obscures raisons, obligeant par là-même l'écrivain Curt Siodmak à se coller derrière la caméra et de prendre le relais…
Et même si
Le Monstre Magnétique utilise une voix-off pour décrire les agissements des héros (en évitant de montrer les images), emprunte ici et là pas mal de stock-shots pour ses scènes extérieures (comme beaucoup de metteurs en scène le faisaient à l'époque), et même de nombreux plans directement issus de
The Gold, le film de Karl Hartl de 1934
(ça c'est plus embêtant, artistiquement parlant…), il faut bien avouer que la qualité du montage (façonné à 90 % par Herbert L. Strock) est remarquable ! Le long métrage réussit donc le tour de force de se placer dans le sillon des films de monstre à grand spectacle… mais sans monstre, ni trop d'action !
Chapeau…De plus, les prestations de Richard Carlson et de King Donovan sont plus qu'honorables et permettent de transporter le spectateur au cœur d'une enquête scientifique "moderne" très accrocheuse qui peut déboucher à tout moment sur une situation catastrophique et incontrôlable. Une manière habile de capter l'attention du quidam sans surenchère de scènes d'action… Audacieux, hein ?
Ainsi, on sent bien que la peur du nucléaire engagée par la Guerre Froide est en filigrane au travers de cette œuvre cinématographique et se pose comme un axe central du récit. Le métrage se veut donc comme le témoignage d'une époque (heureusement) révolue…
Le Monstre Magnétique s'avère donc être un excellente surprise, dans la mesure où le film est fort plaisant et démontre l'étonnant savoir-faire des réalisateurs successifs Herbert L. Strock puis Curt Siodmak, qui ont su avec brio se sortir du carcan financier alloué au métrage, grâce à de bonnes idées et de pas mal d'audace.
Et s'il est indéniable que la pellicule n'a pas eu le même impact que d'autres films de monstres comme
Le Monstre Du Lac Noir ou
Des Monstres Attaquent La Ville à la même époque, il n'en reste pas moins agréable à découvrir… presque 60 ans après sa sortie !