Tempête Sous La Mer (1953)

Mike Petrakis et son fils, Tony, américains d’origine grecque, gagnent leur vie en pêchant des éponges sur les côtes de Floride. La rivalité avec les Rhys, une autre famille de pêcheurs, de souche américaine, s’accroit de jour en jour, et de plus en plus violemment. Mais lorsque Tony rencontre Gwyneth, la fille Rhys, et qu’ils tombent amoureux l’un de l’autre…

Au début des 50's, le cinéma américain est en pleine perte de vitesse suite à la concurrence directe de la télévision qui propose des programmes alléchants (comme les serials) et à la hauteur de la plupart des affiches des salles obscures.
De fait, les majors se creusent la tête pour attirer un public de plus en plus clairsemé. Après avoir tenté l'aventure de la 3D ou bien le cinérama, les productions hollywoodiennes se lancent sur la piste du Cinemascope, issue de la technique de l'hypergonar, invention française d'Henri Chrétien de 1927…

C'est dans ce contexte-là que le réalisateur Robert D. Webb se lance avec Tempête Sous La Mer (Beneath The 12-Mile Reef) avec un seul et unique but : en mettre plein la vue au spectateur blasé.
Pour ce faire, l'homme va s'entourer d'un casting de luxe (Gilbert Roland, Richard Boone…) avec deux jeunes premiers aux dents longues (Rober Wagner et Peter Graves) et faire appel au scénariste A.I. Bezzerides pour mettre sur pied un film d'aventure, à grands renforts de scènes sous marines et de romantisme dramatique exacerbé…
Présenté au festival de cannes de 1953, Tempête Sous La Mer, l'un des tous premiers métrages en format Cinemascope (après La Tunique et Comment Epouser Un Milliardaire), présente donc tous les ingrédients d'un film d'aventure digne de ce nom.
Jugez plutôt : Mike Petrakis (Gilbert Roland) est un pêcheur grec spécialisé dans le ramassage d'éponge. Avec son fils Tony (Robert Wagner) et son équipage, il arpente les mers et effectue lui-même les plongées, équipé d'un scaphandrier. Un métier particulièrement dangereux car les récifs peuvent s'avérer mortels. Mike a déjà perdu un fils lors d'une pêche et il protège Tony le plus qu'il peut. Désirant gagner plus d'argent pour rembourses ses dettes, il part pêcher des éponges dans une zone interdite aux grecs et uniquement réservé aux anglais. Après avoir effectué une pêche miraculeuse, son embarcation est prise à partie par la famille anglaise Rhys qui lui vole le fruit de son travail.
En bon grec, Mike Petrakis n'entend pas se laisser faire et part avec Tony à la recherche des voleurs qu'ils retrouvent ans un bar. Là, Tony fait la connaissance de Gwyneth Rhys (Helen Koford) et en tombe amoureux...

Vous l'aurez compris, Tempête Sous La Mer se pose d'emblée comme un film à grand spectacle qui en plus de sa romance dramatique propose des scènes d'actions et des prises de vues sous marines. Racoleur ? Un peu oui, mais la pellicule de Robert D. Webb n'en tombe pas pour autant dans la facilité.
Ainsi, le metteur en scène va apporter un soin particulier à présenter les différentes facettes de ses personnages afin de mettre en place le récit et de permettre au spectateur de véritablement comprendre les tenants et les aboutissants de cette guerre familiale entre les Petrakis et les Rhys (un peu à la façon de Romeo et Juliette) sur une toile de fond de ramassage d'éponges.
Ensuite, le récit va s'articuler autour de la romance entre Tony et Gwyneth (Rosette dans la VF…) et des pêches en eaux profondes de plus en plus dangereuses pour Mike et son fils.
D'un point de vu formel, Robert D. Webb va rester très classique dans ses cadrages et ses prises sous marines mais il va s'efforcer de donner du rythme au film grâce à de belles images (format Cinemascope oblige…) et de belles scènes d'actions.
Evidemment, cinquante ans après sa sortie, on ne peut pas dire que Tempête Sous La Mer se démarque de la concurrence actuelle et passée. Au contraire même : l'axe central du film (la romance impossible entre Tony et Gwyneth, sorte de Roméo et Juliette en Grèce) est assez désuet de nos jours, et les images sous marines d'époque sont basiques, même si pour l'époque ces prises de vues étaient de véritables prouesses techniques !
Mais la bonne dynamique du film, l'excellence de la prestation des acteurs (Gilbert Roland est impérial) et ces images de bord de mer suffisent à rendre Tempête Sous La Mer très intéressant. Ainsi, lorsqu'on se remet dans le contexte de 1953, on s'aperçoit vite que le métrage de Robert D. Webb est un véritable bol d'air frais dans le genre des films d'aventure, avec le format Cinemascope en plus…
Et mine de rien, les scènes subaquatiques apportent des ambiances feutrées et apaisantes qui donnent pas mal de relief à l'ensemble de la pellicule (le ramassage des éponges, l'attaque de la pieuvre géante, la faune et la flore sous-marine…)
De son côté, le jeune Robert Wagner signe là une prestation remarquable qui lui ouvrira beaucoup de portes un peu plus tard, puisqu'on va le trouver à l'affiche de réalisations comme Prince Vaillant, Le Temps De La Colère, Le Jour Le Plus Long, La Tour Infernale etc. …et bien entendu Pour L'Amour Du Risque à la TV.

En définitive, même si Tempête Sous La Mer renferme pas mal de clichés et qu’il a un peu subi les affres du temps, force est de constater que le film est pétri de qualités (notamment avec son très bon casting) et possède une accroche indéniable qui fait qu’on se prend vite au jeu et qu'on ne s'ennuie pas.
Au début des 50’s, Tempête Sous La Mer a connu un véritable succès en salle en France, gageons que ce DVD donne un nouveau souffle à ce long métrage haut en couleur et ô combien racé.