Et oilaa !
Don Coscarelli revient sur le devant de la scène horrifique dix ans après son dernier (et excellent) long-métrage,
Bubba Ho-Tep (2002) avec une autre adaptation, celle du roman de
Jason Pargin (publié sous le pseudonyme
David Wong),
John Dies At The End. Le metteur en scène et scénariste nous prouve encore son attachement aux œuvres complexes et paraissant inadaptables. Assumant totalement sa part de série B et son indépendantisme,
John Dies At The End est un film surprenant imprévisible, totalement décalé, mais tout de même très drôle : de quoi commencer l'année 2013 en fanfare !
Disons-le, ce métrage n'est pas pour tout le monde. Il s'agit en effet d'un film
"ça passe ou ça casse" tellement le réalisateur va au bout de son sujet et n'épargne rien aux spectateurs. Cela explique que les réactions du public soient bipolaires. Mais toujours est-il que lorsque le film fonctionne sur vous, il y va à fond, et vous emporte dans ces montagnes russes que vous ne voudrez plus quitter. L'effet commence dès la première scène, que je trouve extrêmement bien réalisée, drôle, et qui paraît plus intelligente qu'elle ne le semble au premier abord (ce qui est symptomatique tout au long du film d'ailleurs).
John Dies At The End n'est pas construit comme un métrage classique. En effet, tout du long, c'est Dave qui raconte son histoire à un reporter, Arnie, qui doit l'aider la publier. Le film se déroule donc un an après les évènements qui nous sont montrés par des flashbacks. D'ailleurs, on est dans la tête de Dave, on entend souvent ses commentaires en voix-off. Les personnages sont phénoménaux ! Il y a Dave et John, les deux amis tordus ; le reporter qui se demande ce qu'il est bien venu faire là, les protagonistes introduits par la scène de la fête du lycée, soit Amy, Robert Marley et Justin sont vraiment très drôles et réservent leur lot de surprises. Le personnage de Robert North est très fun et très bien interprété. Le détective fou (ou pas ?) est un personnage mystérieux et fascinant. Les courts passages avec le Docteur Marconi, le mentor de David et John, sont eux aussi jouissifs et drôles à souhait.
Le film met en scène une nouvelle drogue, appelé
"soy sauce" (ayant vu le film en anglais, je ne sais pas si l'expression sera traduite pour la version française) dans le film, qui accroît les sens et permet une différente appréhension du monde. Sous son effet, on voit des choses, on entend des choses, et on peut aussi remarquer qu'elle accroît l'intelligence et la perspicacité (au début, dans le restaurant, on peut voir que Dave, sous l'emprise de la
"soy sauce", parvient compter le nombre de grains exact de riz dans une assiette, et d'affirmer leur provenance).
Le film, surtout sa première partie, renferme quelques moments d'épouvante croustillants, on sursaute et on frissonne plus d'une fois (notamment à cause d'une certaine bestiole...), preuve d'une certaine réussite de ce métrage. Mais le ton est tout de même à la comédie, les personnages se retrouvent dans des situations grotesques, les dialogues alambiqués, mais très subtils et intelligents, notamment celui entre Robert Marley, le jamaïcain qui dit avoir un don pour savoir des choses et Dave à la fête du lycée.
Le casting est énigmatique car les deux protagonistes, soit Dave et John, sont interprétés par deux jeunes inconnus, alors que quasiment tous les seconds rôles sont des acteurs déjà plus ou moins connus. On retrouve
Paul Giamatti (Golden Globe du meilleur acteur pour
Barney's Version en 2010) dans le rôle du reporter,
Doug Jones (Abe dans les
Hellboy) en délirant Robert North,
Glynne Turman (le professeur dans
Super 8) en détective loufoque ou encore le caméo sympathique de
Angus "Tall Man" Scrimm, le grand ami du réalisateur apparaissant dans chacun de ses films, en prêtre pas vraiment chrétien.
John Dies At The End possède aussi une excellente bande originale de
Brian Tyler, qui avait aussi signé celle de
Bubba Ho-Tep. Surtout le thème principal, qui représente très bien le film, une aventure macabre et loufoque.
Le long métrage, même avec son petit budget, arrive à créer un plus grand et plus passionnant monde que la plupart des films en possédant plus ! Une vraie expérience de cinéma !
John Dies At The End est un univers cinglé peuplé de personnes cinglés, et c'est là est tout son charme. On aimerait qu'à la fin du générique, ça recommence, merci
Don Coscarelli (on ne veut pas attendre dix ans avant le prochain) !