Bienvenue à Zombieland

Dans un monde infesté de zombies, deux hommes tentent de survivre. Columbus, le plus jeune, est terrorisé à l'idée d'être dévoré. C'est une poule mouillée, mais sa prudence pourrait bien lui sauver la vie... Tallahassee, lui, est un chasseur de zombies qui ne craint plus rien ni personne. Armé d'un fusil d'assaut, il se donne corps et âme à la seule mission qui compte pour lui : trouver les derniers exemplaires de ses biscuits préférés, des Twinkies, encore disponibles sur Terre.
Dans leur périple, les deux survivants sont rejoints par Wichita et Little Rock, deux jeunes filles. Tous ont désormais deux défis impossibles à relever : affronter les zombies et apprendre à s'entendre...

Nous pourrions débattre longuement de l'origine des comédies horrifiques, nous demander si cette mouvance est basée sur le genre gore des années 80 (Bad Taste et Braindead en tête de liste) ou sur le fait que les effets sanglants sont devenus monnaie courante dans un cinéma conçu pour un large public, comme la saga des Resident Evil, Hostel, Saw, Martyrs et tant d'autres. Ce phénomène pousse les films d'horreur à croiser la route d'autres genres radicalement opposés comme la comédie, puis se transforment en un nouveau concept de métrage : le film de geek !

Une fois la route tracée par le génial Shawn Of The Dead en 2004, tout un tas de réalisateurs ont voulu se jeter à corps perdus dans un patchwork cinématographique, composé d'une multitude de références. Tout comme Scott Pilgrim, Tucker & Dale Fightent Le Mal ou Kick Ass, Zombieland découpe des morceaux de tissus extraits des classiques du genre, des dialogues reconnaissables au premier coup de tympan, allant même jusqu'à reproduire des incrustations de caractère, dans un style typiquement comics.
Une fois toutes ces pièces en main, Ruben Fleischer les assemble avec une cohérence folle, un amour immense, mais surtout un grand respect des œuvres dont il s'inspire. Il est difficile de ne pas dévoiler la guest star de choix qui arrive à la fin du film, sans "spoiler" un grand moment de cinéma, mais pour ceux qui ont déjà vu cette perle... quel pied !

Dans son ensemble, le casting comme le scénario du métrage, n'est pas des plus innovants, l'intérêt principal (en dehors des multiples clins d’œil compulsifs) se trouve dans le découpage novateur des plans (plan-séquence, parfois) et dans l’attention toute particulière portée à la psychologie des personnages, mise en avant par une très bonne direction du jeu d'acteur.
Le rôle principal est bien sûr incarné par un geek pur et dur (à la limite du no-life à vrai dire) présenté ici comme base de la mise en abîme voulue par le réalisateur. Une façon de toucher le spectateur ciblé aussi adulescent que ce personnage est hypocondriaque. Par exemple, cet ensemble de 33 règles bien précises, pour survivre à une attaque de zombie ; ''Règle 2 : La double dose. Quand vous tirez sur un zombie, assurez-vous qu'il est bien mort en lui tirant une deuxième fois dessus... Et essayez de viser la tête. Règle 3 : Méfiez-vous des toilettes : le lieu où un être humain est le plus vulnérable.'' et ainsi de suite.
Le second personnage est encore plus représentatif. Il symbolise celui que voudrait être tout adolescent de race masculine, un voyou musclé, tatoué, fort comme un bœuf et courageux comme le tigre de chez Esso en période de crise. L'arrivée de la belle brune à conquérir, affublée de son insupportable petite sœur, empêcheuse de flirter en rond, vient compléter l'équilibre quasi alchimique de ce quatuor de haut vol.
On se rend vite compte que les rôles distribués sont essentiels au développement de certains fantasmes communs, comme celui d'être entraîné dans une folle cavale, dans le pur style de Bonny and Clyde, ou celui de se prendre pour Mickey Knox du mythique Tueurs Nés, en faisant camper, par exemple, le rôle du bourrin à Woody Harrelson. Et autant dire qu'il est très à l'aise, le chapeau du parfait Texan vissé sur la tête, il n'a qu'un seul but, retrouver le dernier Twinkies (génoise fourrée à la crême) existant sur Terre. Bien plus tard, nous en apprendrons plus sur ce mystère grotesque, à travers un récit aussi ridicule que l'est ce personnage, mais qui arrive malgré tout à nous toucher.

Embarqué dans ce road-movie, avec cette fine équipe (dans laquelle chaque membre possède une motivation différente), la trame se déroule tranquillement, les liens se tissent entres les personnages présents à l'écran, puis insidieusement, avec le spectateur.
La mise en abîme précédemment citée y étant pour beaucoup. Les attaques des zombies viennent rythmer le film avec une régularité telle qu'elle laisse une place de choix aux dialogues. L'implication du spectateur dans les scènes d'action est accentuée par son empathie grandissante envers les personnages mis en situation.
Du coté des maquillages, rien à dire, c'est du bon travail. Certaines intégrations numériques de sang ou/et des éjections (ça marche aussi en un seul mot) hors cadre, d'organes de synthèse sont comme scotchés maladroitement sur la pellicule. Un souci d'incrustation récurrent avec ce genre de technique. Mais c'est vraiment pour chipoter.

Bienvenue à Zombieland a pris des allures de fantasme absolu pour toute une génération de post-adulescent, le buzz qu'il a généré sur internet lors de sa pré-production était très important. Une fois en salle, son succès relatif est surtout dû à la déception engendrée par un public moins concerné par les multiples références. Ce qui ne l'a pas empêché d’acquérir une bonne notoriété et de très bonnes ventes une fois sorti en DVD.
Quoiqu'il en soit, il demeure un gros défouloir très fun et surtout très bien rythmé. A ne pas rater !